Histoire de La Bastide-Puylaurent |
La Bastide-Puylaurent, un nom qui évoque à la fois la douceur et la rudesse de la montagne, le charme et l'histoire d'un village. Un village qui n'a pas toujours porté ce nom, ni occupé le même emplacement.
Au temps de la Révolution, c'était Puylaurent qui était le chef-lieu de la commune, un hameau perché sur les hauteurs, dominant la vallée de l'Allier. Mais en 1917, le destin du village bascula, quand le président de la République signa un décret transférant le siège de la mairie au hameau de La Bastide, situé plus bas, au bord de la rivière. Ce fut le début d'une nouvelle ère pour la commune, qui prit alors son nom actuel.
Mais pour comprendre l'histoire de La Bastide-Puylaurent, il faut remonter plus loin encore, au début du xvie siècle, quand La Bastide n'était qu'un modeste village de sept ou hameaux maisons, bâties sur la rive droite de l'Allier. De l'autre côté du pont, sur la rive gauche, s'étendait le Gévaudan, une terre sauvage et mystérieuse, où vivait la famille Bastide, qui possédait une ferme appelée Trouillas. Certains disaient que c'était eux qui avaient donné leur nom au village, mais personne n'en était sûr.
Plus loin, au-delà du ruisseau du Rieufret, se trouvait le Vivarais, une région plus riante et plus fertile, où se dressaient de belles demeures, comme celles des Barrial, des Valentins, des Bresson, des Astruc, des Rieu, des Hébrard et des Chambonnet. C'étaient les familles les plus anciennes et les plus respectées du village, qui se partageaient les terres et les troupeaux depuis des générations. C'est ainsi que le village se présentait dans les terriers de 1609, ces registres où étaient consignés les droits et les devoirs des habitants envers leurs seigneurs. Et il resta presque inchangé, à l'exception de quelques constructions nouvelles, jusqu'au plan cadastral de 1810, qui fixa les limites et les noms des parcelles.
Mais La Bastide n'était pas isolée du monde. Elle était traversée par une ancienne voie romaine, la Régordane, qui reliait Saint-Gilles, dans le Gard, au Puy-en-Velay, dans la Haute-Loire. C'était une route fréquentée par les pèlerins, les commerçants et les transhumants, qui s'arrêtaient aux auberges de La Bastide pour se reposer et se restaurer. La Bastide dépendait alors de la paroisse de Chasserades, où se trouvait l'église et le cimetière.
Autour de La Bastide, il y avait aussi d'autres hameaux et fermes, dispersés dans les vallées de l'Allier et du Rieufret. Il y avait les Huttes, où vivaient les Barrel et les Ranc, la Courège, les Bories, Compan et la Felgère, qui étaient des « maisons considérables », et Malataverne, un hameau de deux maisons, aujourd'hui disparu. Tous ces lieux avaient leur histoire, leurs secrets, leurs légendes.
Et puis il y avait Saint-Thomas de la Souche, un prieuré fondé par les moines de Tornac, près d'Anduze, qui possédaient de grands troupeaux qui montaient en Gévaudan l'été. C'était un lieu de prière et de repos, près d'une source qui coulait au bord de la Régordane. Mais il ne reste plus rien de ce prieuré, sinon une croix rustique, en face du cimetière actuel.
En 1728, l’abbé Robert, curé de Puylaurent, se rendit sur les ruines d’une ancienne chapelle et d’un hôpital, fondés au Moyen Âge par des moines de l’ordre de Tornac. Il y découvrit les traces d’un passé oublié, où les religieux accueillaient et soignaient les voyageurs, les bergers, les muletiers et les transhumants qui empruntaient les chemins escarpés de la région. Il y vit aussi les restes d’un cimetière, où reposaient les défunts qui avaient trouvé là un ultime refuge. Il nota avec soin les dimensions des bâtiments et du terrain, ainsi que les revenus dont jouissaient les moines, issus des dons, des dîmes et des terres alentour.
La chapelle et l’hôpital étaient indissociables, l’un justifiant l’autre. Les actes de notaires témoignaient de leur double vocation, spirituelle et temporelle. Parfois, on ne mentionnait que la chapelle, parfois les deux, parfois encore le prieuré et l’hôpital. Mais que signifiait ce mot d’hôpital ? On pourrait le traduire par gîte, logis, auberge, mais ce serait réduire la portée de l’œuvre des moines. En effet, le prieur de la chapelle et de l’hôpital était toujours l’infirmier du monastère de Tornac. Cela impliquait qu’il y avait une organisation des soins à dispenser, même si ceux-ci étaient sommaires ou provisoires. L’hôpital existait encore en 1636, et l’infirmier de Tornac en était le responsable officiel.
Plus de cent cinquante ans plus tard, La Bastide-Puylaurent fut le théâtre d’un épisode dramatique de la Révolution française : la conspiration du comte de Saillans. Ce noble, originaire du Dauphiné, avait conçu un plan audacieux pour renverser le régime républicain et restaurer la monarchie. Il voulait soulever tout le sud de la France, depuis les Pyrénées jusqu’au Rhône, et former une vaste armée qui marcherait vers le nord, appuyée par les Espagnols et les émigrés. Il espérait ainsi rejoindre les forces royalistes de la Vendée, de la Bretagne et du Rhin.
Le 19 mai 1792, il se rendit à La Bastide, dans l’auberge de Pierre Combe, où il rencontra les membres du comité royaliste de Jalès. Parmi eux, il y avait l’abbé Claude Allier, prieur de Chambonas, et Joseph-Marie Chabalier, un habitant de Puylaurent. Ils lui apportèrent leur soutien et leur adhésion à son projet.
Début juin, la révolte éclata. Les royalistes attaquèrent le château de Bannes, où se trouvait une garnison républicaine, et massacrèrent quelques gardes nationaux au village de Berrias. Mais ces actes de violence ne firent qu’attirer l’attention des autorités, qui envoyèrent des troupes pour réprimer l’insurrection. Les royalistes furent repoussés de plusieurs villes et villages, et bientôt divisés par des dissensions internes. L’abbé Allier et le comte de Saillans se disputèrent violemment, s’accusant mutuellement de trahison.
Le 8 juillet, les républicains firent capituler le château de Bannes, après un siège de plusieurs jours. Le 12 juillet, ils remportèrent la bataille décisive de Jalès, où le comte de Saillans fut tué. La conspiration était finie, et avec elle, l’espoir des royalistes de La Bastide-Puylaurent.
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En 1940, alors que la guerre fait rage en Europe, la Croix-Rouge polonaise crée un centre d’accueil pour les réfugiés polonais à La Bastide-Puylaurent, un petit village lozérien situé entre les sources de l’Allier et la rivière Chassezac. Le centre est installé dans deux hôtels, le Terminus et les Pins, qui offrent un refuge et un réconfort aux exilés fuyant l’occupation nazie et soviétique de leur pays.
Le centre accueille des hommes, des femmes et des enfants de tous âges et de toutes conditions. Certains sont des soldats blessés ou démobilisés, d’autres sont des civils persécutés ou déportés. Tous ont connu la peur, la faim, la souffrance et la séparation. Au centre, ils retrouvent un peu de chaleur humaine, de solidarité et d’espoir. Ils bénéficient de soins médicaux, de nourriture, de vêtements et d’éducation. Ils participent aussi à des activités culturelles, sportives et religieuses. Ils forment une communauté soudée et fière de ses racines.
Le centre est dirigé par Zbiggniev Malinoowki, un ancien officier de l’armée polonaise, qui se dévoue corps et âme à la cause de ses compatriotes. Il est aidé par des bénévoles français et polonais, qui font preuve de courage et de générosité. Le centre est soutenu par les autorités locales, qui respectent et protègent les réfugiés. Le centre est aussi en contact avec la résistance polonaise, qui lutte contre l’envahisseur.
Mais le centre n’est pas à l’abri des dangers. En 1942, la police de Vichy lance un mandat d’arrêt contre Malinoowki, qu’elle accuse d’être un « terroriste dangereux ». Le directeur du centre parvient à échapper à la traque, mais il doit se cacher et changer souvent de lieu. En 1944, les troupes allemandes envahissent la zone libre et occupent La Bastide-Puylaurent. Elles arrêtent 25 réfugiés polonais, qu’elles considèrent comme des ennemis et des indésirables. Ils sont envoyés de force à Paris, puis à Königsberg, en Prusse Orientale, où ils sont exploités comme des esclaves.
Le centre d’accueil polonais de La Bastide-Puylaurent est un témoignage poignant de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de la fraternité entre les peuples. Il illustre le destin tragique et héroïque des Polonais, qui ont combattu pour leur liberté et leur dignité.
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride. De nombreux itinéraires en boucle pour des randonnées et des sorties à vélo d'une journée. Idéal pour un séjour de détente.
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