La Garde-Guérin en Lozère (Occitanie)

La Garde-Guérin est un village de petite taille, et sa population est relativement restreinte. Au fil des années, le nombre d’habitants a diminué. Actuellement, on y trouve principalement des résidents permanents, mais aussi quelques résidences secondaires.

The inhabitants of La Garde-Guérin

 

Les habitants de La Garde-Guérin

Les habitants de La Garde-Guérin en Lozère 1

Les habitants de La Garde-Guérin en Lozère 2La population du village, hameau de la commune de Prévenchères, a beaucoup varié en quelques siècles. On comptait en 1789, 111 habitants; en 1846, 158; en 1936, 84; en 1980, 12. L'école qui accueillait 35 élèves en 1930, devait fermer en 1963, parce qu'il n'en restait plus que 3. En 1880, deux écoles étaient ouvertes à La Garde, une école privée, une école publique.

Aujourd'hui, 15 habitants y vivent toute l'année, la plupart retraités. En période estivale, si l'on compte les personnes qui logent à l'Auberge Régordane, la population est plus nombreuse, une centaine de personnes environ.

Les habitants de La Garde-Guérin en Lozère 3Depuis 1972 en effet, beaucoup de maisons ont été restaurées -ou sont en passe de l'être- par des familles qui y résident depuis plusieurs générations ou par des personnes qui y ont acheté une maison.

L'une des principales ressources des habitants du village a longtemps été la châtaigne. Les terres étaient exploitées jusqu'aux rives du Chassezac; on avait aussi planté en châtaigniers les parties les mieux abritées du plateau, ainsi que les versants du côté de Pourcharesses. Sur les versants des gorges, on trouve des châtaigneraies établies sur des petits jardins en terrasses, appelés "accols", soutenus par des murs en pierres sèches construits par des hommes du pays. Ces "accols" furent irrigués par des canaux amenant l'eau du Chassezac.

Toutes les familles possédaient un ou plusieurs séchoirs à châtaignes, appelés "Clèdes", sur un versant des gorges ou au village. Au fur et à mesure que la population diminuait, les terres les plus éloignées et surtout les moins mécanisables ont été abandonnées.

L'élevage représente, aujourd'hui encore, l'autre ressource du village. Entre 1950 et 1960 on y comptait 1000 moutons, 50 vaches, 100 chèvres, 1 ou 2 porcs et des volailles dans chaque maison (une vingtaine); sans oublier l'animal de trait, le plus souvent une mule, parfois un cheval ou un âne. Un berger communal gardait le troupeau et était nourri à tour de rôle par chaque propriétaire, suivant le nombre de bêtes ou "journées" qu'il avait dans le troupeau.

Les habitants de La Garde-Guérin en Lozère 4Une foire se tenait à La Garde-Guérin, à la Saint-Michel le 29 septembre et ce depuis le XIVème siècle. La dernière a eu lieu en septembre 1938. Cette foire était destinée à la "loge des bergers". Ce jour-là, les bergers de tout le voisinage trouvaient du travail, ainsi que les ramasseurs de châtaignes et ceux qui allaient nettoyer les châtaigneraies. Les anciens en parlent comme d'une manifestation festive. Le Pré de la Foire accueillait toutes sortes de marchands, de forains qui, en raison de la lenteur et de la rareté des transports de l'époque, arrivaient au village deux ou trois jours avant et logeaient chez l'habitant.

Les gens du village vivaient en autarcie. Ils avaient leur potager, la viande consommée était celle des animaux qu'ils nourrissaient: porcs et volailles. La pomme de terre, aliment principal avec la châtaigne, était cultivée en champ. Le pain était cuit au four "banal" ou four du village. Chaque famille avait son tour. Cet usage s'est maintenu jusqu'en 1966. C'était un pain à base de céréales locales (froment et seigle), récoltées et apportées au moulin.

Les habitants de La Garde-Guérin en Lozère 5Tout cela nous explique comment les gens arrivaient, non sans difficultés, à nourrir des familles nombreuses (de 6 à 16 enfants). Ils achetaient le café, le vin, l'huile pour la salade, le saindoux servait de corps gras pour cuisiner. L'économie aujourd'hui repose surtout sur le mouton et le seigle. C'est pratiquement la seule culture à l'heure actuelle, et elle est destinée à l'alimentation animale. Economie fragile que deux éleveurs maintiennent avec détermination pour le bien et la vie du village tout au long de l'année.

Depuis une vingtaine d'années, un hôtel restaurant, l'Hôtel Régordane, accueille avec beaucoup de succès, durant la belle saison, gens du pays et gens de passage. Vous trouverez aussi une exposition de peinture, gravure, création textile, forme et couleur à l'atelier de l'ancienne école de La Garde-Guérin par monsieur et madame Thibeaux.

Héritière d'un patrimoine prestigieux, La Garde-Guérin voit passer chaque année plusieurs milliers de visiteurs, que la beauté et la grandeur du site impressionnent. Puisse ce village continuer à vivre et à accueillir tous ceux qui passent dans un de ces hauts lieux dont l'histoire a le secret ! Du fait de sa géologie, l'approvisionnement en eau potable de ce site à toujours été problématique : la faible couche superficielle de grès triasique ne permet pas une réserve et une projection suffisantes de l'eau au contact du granit sous jacent.

Dans l'enceinte de la Garde-Guérin, les puits étaient donc pollués, surtout en été. A cette saison ou en cas de siège, la citerne du château, creusée à même le roc à une très grande profondeur prenait le relais. Ressource précieuse au Moyen Age, les eaux de pluie faisaient l'objet d'un droit que les seigneurs acquéraient moyennant paiement. A l'écart du village, les fontaines avaient une grande importance du fait du débit et de la qualité de leur eau jusqu'à la réalisation de l'adduction en eau potable en 1938.

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Au XIIe siècle, dans les paysages escarpés et sauvages de la région d’Occitanie, le village fortifié de La Garde-Guérin se dressait fièrement au bord du Chassezac. Ce lieu stratégique était traversé par le Chemin de Régordane (GR700), une voie de communication essentielle reliant le Massif central à la Méditerranée. Imagine les berges du Chassezac, les remparts de pierre, et les bergers vaquant à leurs tâches quotidiennes.

Ces bergers, hommes et femmes, étaient des personnages récurrents de la littérature médiévale. Ils veillaient sur leurs troupeaux de moutons, guidant les bêtes le long des sentiers rocailleux et verdoyants. Leurs journées étaient rythmées par le tintement des cloches et le doux bêlement des agneaux.

Le Chemin de Régordane était bien plus qu’un simple itinéraire pastoral. Il était le lien vital entre l’Auvergne, le Velay, la Languedoc et la Méditerranée. Les bergers de La Garde-Guérin jouaient un rôle crucial dans la sécurité des voyageurs et des marchandises qui empruntaient cette voie. Ils étaient les gardiens de la Regordane, protégeant les caravanes chargées de denrées précieuses, d’étoffes colorées et d’épices exotiques.

Chaque berger était lié à une parérie, une portion du chemin qu’il entretenait avec soin. Ils percevaient des droits sur le péage, le cartelage (mesure du grain), et même sur la poussière soulevée par les troupeaux. Ces chevaliers bergers, appelés los Parièrs, prêtaient serment à l’évêque de Mende et formaient une communauté économique et militaire solide.

Le village fortifié de La Garde, ou castrum de La Garde, était leur poste frontière. Ils veillaient jour et nuit, scrutant l’horizon pour détecter tout danger. Leurs noms résonnaient dans les vents du Chassezac : les Gaucelmes, les Hérail, les Bertrand et les Gaules. Chaque clan avait sa part de responsabilité, sa parérie à protéger.

Et ainsi, au cœur du Moyen Âge, les bergers de La Garde-Guérin tissaient des liens entre les montagnes et la mer, entre les étoiles et les troupeaux. Leurs histoires se mêlaient à celles des voyageurs, des marchands et des troubadours. Et lorsque le soleil se couchait derrière les remparts, ils se rassemblaient autour du feu, partageant leurs légendes et leurs rêves, gardiens d’un monde en mouvement. Aujourd’hui encore, les pierres de La Garde-Guérin portent les échos de leurs pas, et les bergers du passé veillent sur nos souvenirs, comme des étoiles dans la nuit médiévale.

 

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