Le château médiéval de La Garde-Guérin en Lozère (Occitanie). Chemins de randonnées: GR®72, GR®700 Voie Régordane, Tour du Chassezac et du Cévenol. |
Les
grandes heures de La Garde-Guérin
Les évêques de Mende avaient un privilège, celui du "retrait féodal": ils avaient le droit, en cas de vente du fief par le vassal, d'écarter l'acquéreur en remboursant le prix. Et en 1334, ils furent
maintenus dans ce privilège alors que les consuls avaient fait valoir, auprès du sénéchal de Nîmes, leur prétention à ce même droit. Les seigneurs percevaient donc de moins en moins d'argent et les
consuls de La Garde demandèrent au Roi de France l'autorisation de créer une foire, faisant ressortir l'intérêt qui en résulterait pour les trais diocèses de Mende, d'Uzès et de Viviers. Louis
d'Anjou, Comte de Maine, deuxième fils du roi de France et lieutenant du Roi son frère, Charles V, en Languedoc, accorda à La Garde-Guérin une foire, le 25 novembre, le jour de la Saint-Catherine et
un marché, le lundi de chaque semaine. La foire devait durer trois jours consécutifs.
Cet accord date du 22 janvier 1367. L'autorité royale faisait défense aux officiers de la Cour Commune de Gévaudan, sous peine de 500 marcs d'argent fin, de troubler les habitants de La Garde-Guérin dans la jouissance du privilège qui leur était accordé. La foire fut donc instituée à La Garde par lettre du Roi et sous la protection des évêques. La Garde-Guérin connut dès lors une importance commerciale. Les gens s'arrêtaient là et vivaient, pendant trois jours au moins, les joies de la foire et des fêtes qui l'accompagnaient. Aujourd'hui encore, on parle du Pré de la Foire, à gauche, quand on arrive au village.
Un hôpital pour pèlerins et voyageurs
L'existence d'un établissement hospitalier est mentionnée dans les actes anciens. Sur le plan cadastral de 1812, on peut voir une parcelle appelée "Ancien Hôpital (Pré de la Justice)" à l'extérieur
du village, en dehors des remparts, non loin de la Porte Saint-Michellemont.
On sait que, au Moyen-âge, les hôpitaux situés à la porte des villes ou villages devaient accueillir et héberger les voyageurs, les pèlerins, les indigents, et leur permettre de recevoir des soins. En France la plupart des hôpitaux de pèlerins ont été fondés entre le XIème et le XIIème siècle. Celui de La Garde devait accueillir des voyageurs surpris par la tempête, le tourmente ou la rigueur des climats de ce plateau battu des vents. Peut-être accueillait-il des pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle. Les chemins de Saint-Jacques ne passaient pas loin, qu'on vienne du Puy en Velay ou de Carcassonne et l'irremplaçable ferveur des hommes du Moyen-âge en a poussé beaucoup à prendre la route.
Rappelons que le chemin de Régordane conduisait les pèlerins à Saint-Gilles dans le Gard; l'ancien prieuré de Prévenchères dépendait d'ailleurs de l'abbaye de Saint-Gilles. Les frais d'entretien de cet hôpital devaient être couverts par les différents revenus de la communauté des papiers. A la fin du XIVème siècle et au XVème siècle, de nouvelles familles acquirent des paréries et se fixèrent à La Garde-Guérin. Au XIVème siècle les paréries changèrent fréquemment de maîtres et les anciens pariers, à l'exception d'un très petit nombre, finirent par disparaître. Ils ne restait plus que quelques membres.En 1569, l'évêque Comte de Gévaudan, Renaud de Beaune, vendit ses parts de La Garde-Guérin aux seigneurs de Morangiès. Les charges de consuls nobles de La Garde-Guérin restèrent dans la famille de Molette de Morangiès jusqu'à la Révolution. Toutefois les évêques conservèrent la haute juridiction et le "majeur" domaine. Pendant les guerres de Religion, le château, par sa forte position, joua encore un rôle important. Les catholiques le défendaient. Il fut pris par les protestants et Antoine de Molette, seigneur de Morangiès qui défendait La Garde-Guérin, périt glorieusement, les armes à la main. Le château fut pris, le village en partie détruit par le feu.
Au XVIIème siècle, La Garde-Guérin était encore considérée comme l'un des points de repère les plus importants du diocèse.
En 1623, les Etats généraux du Gévaudan, où siégeaient les deux consuls, imposèrent une somme de 400 livres pour l'entretien de la garnison et du château de La Garde-Guérin. Le marquis de Portes,
gouverneur du Gévaudan, alla pourvoir à la sûreté du village. C'est, lit-on dans la vie du duc de Montmorency, "un château qui ferme le passage des Cévennes d'un côté et défend la montagne des courses que les rebelles pouvaient faire. Le repos du Gévaudan et du Velay dépend en partie de la conservation de cette place". Les anciens châteaux-forts
s'écroulaient en grand nombre sous le règne de Louis XIV. Celui de La Garde-Guérin ne voyait que rarement ses maîtres... Il était abandonné à la surveillance des fermiers et c'est à cause de l'un
d'eux qu'il brûla en 1722.
En 1721, la foire avait été transférée à la
Saint-Michel, le 29 septembre. Saint-Michel était en effet patron du village.
En 1745, à la bataille de Fontenoy, périrent beaucoup de nobles anglais et français. Parmi eux, se trouvaient des seigneurs de La Garde. Les seigneurs de Morangiès occupèrent aux Etats du diocèse de Mende la place des consuls-nobles de La Garde-Guérin. C'était tout ce qui restait des privilèges de l'ancienne association des pariers.
Le 4 août 1789, les privilèges furent abolis par les révolutionnaires, les droits des Pariers de La Garde le furent aussi...
En 1795, l'une des fortes tours, adossée au château, s'écroula sur la maison d'un des habitants du village, provoquant morts et blessés. Le village se tourna alors définitivement vers l'agriculture,
et la foire se maintint...
Sous la protection de Saint-Michel
La ceinture des remparts actuels laisse
deviner ce que fut l'importance du lieu. Des murs d'enceinte en effet faisaient le tour du château et du village. Ils ont dû être bâtis au XIIème siècle, après le château. On y accédait par deux
portes, dont l'une, celle du Rachas, située au nord, donnait sur la rue principale qui était dallée. L'autre, au sud, s'appelait la Porte Saint-Michellemont. Les remparts ont été construits avec de
belles pierres du pays, des blocs de grès rectangulaires, parfaitement taillés, qui provenaient d'une carrière avoisinante. Les parements sont reliés entre eux par un blocage d'une solidité
étonnante. Leur hauteur, si l'on en juge par les parties conservées, mais découronnées, devait atteindre 8 à 10 mètres. Leur épaisseur est en moyenne de 1,65m, à l'extérieur comme à
l'intérieur.
On ne trouve sur ces remparts aucune trace de créneaux, de tours ou de guérites, mais il y en avait peut-être. En certains endroits, les murs ont encore 6 mètres de haut, à l'ouest notamment. La trace des fossés qui entouraient les remparts subsiste sur le plan du village.
Le chemin qui passe au pied des remparts, au sud-ouest, s'appelle Ancien Fossé "Lou Ballat". Ils avaient été creusés là surtout pour augmenter les difficultés des assaillants. A l'est, où les murs étaient bâtis à pic sur les escarpements qui dominent les gorges du Chassezac, il n'y avait pas de fossés.Le château se dressait au nord-est du village à l'endroit le plus élevé, le moins accessible, le plus facile à défendre. Il est difficile de se faire une idée de ce qu'il pouvait être. Il n'en subsiste aujourd'hui qu'une tour carrée de 21,50 mètres de haut, qui atteste de l'importance du château disparu.
Dans l'ouvrage "Images du Patrimoine Canton de Villefort-Lozère" paru en 1989, on peut lire cette description de la tour et des vestiges du logis seigneurial: "La Tour de La Garde-Guérin est, en fait, le donjon médiéval du château. De plan carré, il avait cinq niveaux. Le rez-de-chaussée est aveugle. On ne peut y pénétrer que par une trappe ouvrant dans le sol du premier étage, voûté en berceau plein-cintre. La porte d'entrée est située à ce niveau. L'escalier extérieur qu'empruntent les visiteurs est bien sûr un aménagement récent. Deux autres étages, également voûtés en berceau de plein-cintre, constituaient des niveaux d'habitation. La terrasse sommitale est vraisemblablement le vestige d'un étage supportant un toit disparu, bien que des restaurations anciennes aient changé son aspect. Ainsi, le couronnement du mâchicoulis fut reconstitué à partir de quelques éléments en place.
L'appareil à bossages, en grès, unique dans le canton, est un des rares témoins de cette formule dans la région. Il peut être daté du XIème ou du XIIème siècle. Au pied de la tour sont visibles les vestiges du logis seigneurial. Long bâtiment rectangulaire avec une tour d'escalier en vis de façade, il fut détruit par incendie en 1722. Des sondages archéologiques y sont réalisés afin de dresser un plan précis de ses structures et d'affiner sa datation. A ce jour, les conclusions des archéologues proposent une construction à la fin du XVIème siècle. Il était encore habité à la fin du XVIIème siècle par la marquise de Morangiès."
Sous le rez-de-chaussée du logis seigneurial, on peut voir des salles voûtées qui servaient sans doute de magasins, de vivres, de cachots ou d'oubliettes. Les salles, comblées à la suite de l'incendie du château, ont été dégagées et restaurées. Leur restauration se poursuit. A quelques mètres de la tour se trouvent le four à pain et un puits de 12 mètres, creusé dans le roc. Au fond de ce puits coulait une maigre source qui permettait de résister plus longtemps aux sièges ou aux sécheresses. Le sol sur lequel le château a été bâti, fut nivelé et transformé en pré. Sous le pré, les habitants disent qu'il existe de nombreuses salles voûtées.
Non loin de la tour, à l'est, se dresse une très belle église romane, dédiée à Saint-Michel, patron des chevaliers pariers. La statue de Saint-Michel, patron de l'église et du village, est placée dans l'église, sur l'arc triomphal. Elle est en bois doré et peint. Saint-Michel est vainqueur du démon, il se tient debout avec fierté, un peu en arrière de sa victime; son bras droit est levé et appuyé sur sa longue lance; le gauche abaissé semble désigner le démon vaincu. La statue est datée du XVème siècle.
A l'origine c'était la chapelle du château. La construction d'un château a été souvent accompagnée en effet, dès la première moitié du XIème siècle, de celle d'un ou plusieurs sanctuaires. Situés à l'extérieur ou à l'intérieur de l'enceinte du château, ils étaient destinés à commémorer un événement religieux, à honorer un saint ou des reliques, à faciliter les dévotions du seigneur et de ses hommes. Les actes de générosité dont ces sanctuaires bénéficièrent et les gestes de dévotion dont ils furent l'objet contribuaient à renforcer la cohésion du groupe social formé par le seigneur, sa famille et tous ceux qui vivaient dans sa dépendance et qui ainsi communiaient dans la même piété envers un saint.
La voûte de la nef, en pierres de taille, est une voûte en berceau. Au milieu de la nef et de l'abside, un arc double saillant soutient la voûte et repose sur les piliers. Richesse et grâce sont dues en outre aux chapiteaux sculptés. Les colonnes sont toutes séparées du pilastre, parfois même superposées comme elles le sont dans d'autres églises romanes du sud-est de la France.
Les chapiteaux, tous différents, sont tantôt couverts de feuillages, de fleurs ou d'animaux, tantôt de personnages bibliques énigmatiques. Le haut des têtes de colonnes est souvent orné de billettes ou de damiers. Le chœur est ornementé d'arcades harmonieuses avec colonnettes et simples chapiteaux donnant le jour à des fenêtres cintrées. Sous le chœur existe un petit caveau taillé dans le roc, sorte de petite crypte où auraient été inhumés les Consuls des Papiers de La Garde.
Le beau portail d'entrée de l'église vient alléger une façade plutôt austère; trais moulures en plein cintre, sculptées dans la pierre massive, composent les rampants autour d'un tympan en fer forgé rappelant la dédicace à St Michel Archange et surmontent une belle porte en bois à cadre de pierre. Au dessus de la porte, un haut de fenêtre romane laisse pénétrer un peu de lumière (celle du couchant) et un clocher-mur à deux arcades -comme la plupart des clochers anciens-parachève le mur pignon. L'épaisseur des murs de l'église et l'étroitesse des ouvertures permettent de mieux l'isoler du froid extérieur et de porter sans peine la voûte en berceau de la nef. Le Presbytère est accolé au chevet de l'église et son mur de clôture vient rejoindre l'élévation nord de l'église. Une partie des pans de l'abside est visible à l'intérieur du presbytère. Il a été construit au XIXème siècle avec des éléments du château en ruines.
Le pan du Roi
Les seigneurs pariers qui se partageaient le château et la châtellenie de La Garde-Guérin avaient construit des maisons fortes, au XIIème siècle peut-être, sur lesquelles nous ne savons pas grand
chose. Seule l'existence des puits anciens et leur situation dans le village permet de localiser ces maisons. Elles ne comportaient jamais de murs mitoyens et le "pan du Roi" les séparait. C'est une
ruelle, large d'une trentaine de centimètres, qui n'avait aucun aspect utilitaire. Mais le pan du Roi signifiait qu'il n'y aurait jamais de discussion de mitoyenneté. Chacun restait maître chez soi,
la ligne de propriété passait entre les maisons.
Le pan du Roi existait dans les domaines seigneuriaux du Moyen-âge et c'était un usage bien connu qui s'est maintenu dans les villes jusqu'à la Révolution. Aujourd'hui encore, le pan du Roi sépare bien des maisons du village, surtout dans les rues principales. Mais les maisons n'ont sans doute plus grand chose à voir avec celles que les seigneurs pariers avaient fait bâtir au Moyen-âge.
Quelques belles maisons à La Garde présentent sur la rue un mur pignon ajouré au rez-de-chaussée d'une porte bâtarde simple ou jumelée et à l'étage d'une belle fenêtre croisée. Deux maisons du village ont dans leur mur une belle pierre portant un écusson daté de 1597. D'autres écussons sont frappés aux armes des familles nobles qui avaient résidé à La Garde-Guérin.
Sur une pierre fixée à l'envers dans le mur d'une maison en très mauvais état, on peut voir une inscription et déchiffrer les deux premières lignes: "Réparation faicte par Pierre Bertrand". La famille Bertrand était une des quatre familles de seigneurs pariers, au XIème et XIIème siècle. Pierre Bertrand devait être un de leurs descendants. De quand date cette inscription? L'orthographe "faicte" nous incite à dire du XVIème ou du XVème siècle. Association G.A.R.D.E, La Garde-Guérin, 48800 Villefort
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