L'histoire du village de Villefort en Lozère (Occitanie) sur Google Street View. Chemins de randonnées: GR®700 Voie Régordane, GR®68 Tour du Mt Lozère, Le Cévenol, GR®44, GR®72, GR®736. |
Dans les replis du temps, là où l’histoire murmure à travers les pierres, se dresse Villefort, ou Villa Montisfortis, un éclat de médiévalité niché dans le cœur battant de la Lozère. Jadis, ses terres résonnaient des échos d’une exploitation agricole romaine, aujourd’hui perdue dans les brumes de l’histoire. Un château, fier et majestueux, dominait le bourg, tel un gardien de pierre surplombant le chemin de Régordane.
Imaginez un chemin, plus qu’une simple route, une artère vitale qui, au Moyen Âge, tissait un lien entre le Bas-Languedoc et l’Auvergne. Il serpente, sinueux, à travers collines et vallées, porteur d’histoires, de vie et de commerce. Les muletiers, ces voyageurs intemporels, y faisaient danser leurs pas, transportant huile, vin et sel, essences de la vie quotidienne. Les pèlerins, âmes en quête de foi et de rédemption, y marchaient vers Saint Gilles, laissant derrière eux des prières et des espoirs.
Le destin, capricieux, a délaissé le chemin de Régordane au XIVème siècle, préférant les eaux du port de Marseille et les foires de Lyon. Mais les marques de son passé glorieux demeurent, gravées dans la pierre : des ornières, témoins silencieux de l’incessant ballet des chars, sont encore visibles, cicatrices indélébiles entre le Thort et la Molette, et près de Saint-André-Capcèze.
Ces traces sont le récit d’une époque révolue, un lien tangible avec nos ancêtres, un rappel que, bien que les empires s’effondrent et que les époques se succèdent, certains témoignages du passé demeurent, éternels et immuables.
En 1668, Froidour, l’émissaire de Colbert, parcourut le chemin de Régordane, cette veine commerciale et spirituelle qui battait entre Alais et Langogne. Villefort, tel un cœur palpitant, se trouvait à la croisée des chemins, un point névralgique où les destins se croisaient.
Au cœur de la Lozère, Villefort se dresse, témoin silencieux des tumultes de l’histoire. Dans ses rues, les échos des guerres de religion résonnent encore, rappelant le siège de 1629 par Henri de Rohan. La rue de la Bourgade, jadis embrasée par la ferveur huguenote, porte les cicatrices du feu sacré. Les murailles qui ceignaient le bourg au XVIIème siècle ont cédé sous le poids des ans, leurs portes s’effondrant entre 1808 et 1813, comme pour ouvrir une nouvelle ère.
La révolution a laissé ses marques, avec des blasons martelés, symboles de la révolte contre l’Ancien régime. Sur la place du Portalet, une croix se dresse, mémorial de l’Abbé Hilaire, prêtre réfractaire exécuté en 1794. La Grande Guerre a emporté de nombreux fils de Villefort, leurs noms gravés dans la pierre du monument de la place du Bosquet. La population, diminuée de 15 %, témoigne de la profonde cicatrice laissée par le conflit.
Villefort, berceau d’Odilon Barrot, illustre homme d’État et érudit, s’épanouit au carrefour des mondes : là où les Cévennes schisteuses embrassent les hauts plateaux granitiques, là où le calcaire du pays vauséen conte ses histoires millénaires. Jusqu’à la Révolution, elle a partagé son destin avec le Diocèse d’Uzès, mais son âme a toujours dansé au rythme du Gévaudan.
Situé à 605m d'altitude, le village s'est développé le long du chemin de Régordane en une rue unique, constituée par les actuelles rues de l'Eglise et de la Bourgade. À l’époque où les roues des chariots ne pouvaient fouler la Régordane, les mulets étaient les vaisseaux du commerce, portant sur leur dos le vin du Vivarais et les espoirs des hommes. En 1812, deux cents de ces fidèles compagnons traversaient quotidiennement Villefort, témoins muets d’une époque révolue.
Lorsque Vialas, gorgée de plomb argentifère, offrait ses entrailles à la lumière, c’était à Villefort que le précieux minerai trouvait refuge, dans une fonderie bourdonnante de vie et d’activité. Plus de deux cents âmes y œuvraient en 1813, avant que le souffle industriel ne transporte la fonderie vers Vialas même en 1827, marquant ainsi la fin d’un chapitre et le début d’un autre dans l’histoire tissée de Villefort.
A partir de 1865, la compagnie P.L.M (Paris-Lyon-Marseille) met en place la ligne qu'emprunte aujourd'hui le train "le Cévenol" reliant Clermont-Ferrand à Marseille via Alès et Nîmes. Facteur de désenclavement, elle est un atout pour les villes lozériennes situées sur son passage. De nouveaux métiers apparaissent, tels: employé de la P.L.M pendant la construction de la ligne ou expéditeur de produits locaux, comme le marron de la vallée de la Borne. Mais la disparition des convois muletiers porte un coup à l'activité économique, notamment aux artisans et aux aubergistes.
Au crépuscule du XIXème siècle, Villefort s'éveille sous le règne bienveillant de la châtaigne, cette reine des Cévennes qui nourrit hommes et bêtes de ses fruits d'abondance. La castanéiculture, tissée dans le quotidien des habitants, dicte le rythme des saisons avec son cycle ancestral. À l'heure où le soleil s'éteint, les cueilleurs se réunissent, célébrant la récolte dans un rituel de brousillade, où les châtaignes dansent sur les braises, exhalant leur parfum boisé dans la nuit tombante.
Le temps, sculpteur éternel, redessine sans cesse le paysage. Les châtaigneraies, autrefois fierté de la région, sont abandonnées ou sacrifiées pour l'extraction du tannin. Des maladies impitoyables, telles que l'encre et l'endothia, s'acharnent sur les arbres, les condamnant au silence.
Mais l'espoir, tel un phénix, renaît de ses cendres. Une ère nouvelle se profile, portée par la quête d'excellence et la reconnaissance de l'Appellation d'Origine Contrôlée. Les producteurs de châtaignes, sentinelles de ce patrimoine, s'engagent dans une renaissance, forgeant un futur où la châtaigne retrouvera sa splendeur d'antan.
Durant la Seconde Guerre mondiale, Villefort, sous l'occupation allemande, devient le berceau d'une résistance farouche. Les maquisards, ombres insaisissables des montagnes, combattent avec acharnement pour la liberté de leur terre.
L'artisanat, héritage précieux du Moyen Âge, fleurit jusqu'à l'aube de l'ère industrielle. L'exploitation du minerai de plomb offre une alternative aux terres agricoles, et une fonderie s'élève, symbole d'un progrès naissant. Mais le XXème siècle assiste à l'exode rural, emportant dans son sillage l'essence des métiers d'antan.
La rue de Rome mène à la chapelle Saint Jean, ou Gleisetto, sanctuaire des pèlerins d'antan. Plus au nord, la chapelle Saint-Loup-et-Saint-Roch, veille sur le lac, lieu de pèlerinage et de dévotion, où les âmes en quête de protection invoquent encore les saints Loup et Roch.
Le lavoir de granite, avec ses bassins jumeaux, évoque les échos des lavandières, leurs chants et leurs chagrins se mêlant au murmure de l'eau. Le pont Saint-Jeau, avec ses arches élancées, franchit la rivière de la Palhères, témoin muet des époques révolues.
Le marché de Villefort, établi depuis 1511, demeure un lieu de vie et d'échange. Les foires, jadis florissantes, attiraient les foules, et aujourd'hui, les brocantes et les marchés artisanaux continuent de faire vibrer le cœur de la ville. Villefort, avec ses ruelles empreintes d'histoire et ses édifices séculaires, est un recueil vivant du passé, un espace où chaque pierre murmure une légende, un lieu hors du temps où les récits d'antan nous sont contés à l'oreille.
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