Randonnée pédestre sur le Chemin Stevenson GR®70 depuis Le Cheylard-l'Evêque à Luc en passant par Espradels et le lac de l'Auradou. |
Nous avons
décidé de nous lever tôt pour profiter des heures les plus fraîches.
Dieu qu'il est dur de s'extraire de la plume, de cette douceur légère qui
caractérise les bons duvets !
Catherine, qui est de la race des marmottes, ses hibernations nocturnes
représentant jusqu'à neuf, dix heures de sommeil, m'a "épatée" pendant ce
périple. Elle se lève avec promptitude et s'affaire tout aussi rapidement,
rassemblant ce qui doit l'être, pliant, rangeant, tandis que tous les matins,
j'ai quant à moi provisoirement égaré quelque objet dont la recherche m'occupe
pendant les cinq minutes nécessaires à mon complet éveil.
Mais quoi qu'il en
soit, nous formons une bonne équipe, efficace, et j'imagine mal, dans les mêmes
circonstances, une personne brouillonne, paresseuse ou désordonnée. Cela
deviendrait vite un enfer quotidien.
Tandis que nous émergeons de notre toile, les yeux encore gonflés d'un sommeil
trop bref, notre petite mamie de la maison en face, ouvre ses volets et nous
appelle . "vous prendriez bien une petite tasse de café ?"
Comment refuser pareille offre ? Je me suis pourtant interdite de café depuis le
départ à cause de petits ennuis digestifs, mais je n'hésite pas un seul instant,
et ceci pour deux raisons: d'abord, ce genre d'invitation est l'un des
événements qui s'impriment en priorité dans le souvenir que laisse un voyage,
ensuite, un café bu dans le bonheur du partage ne saurait me faire du mal !
Ginette ne se contente pas de nous offrir la boisson matinale. Nous sommes attablées avec elle et bientôt, la miche de pain, le beurre et la confiture de myrtilles viennent composer un vrai petit- déjeuner.
Dehors, ce matin, il
fait un peu frais, l'herbe et la tente, comme d'habitude, sont mouillées, le
confort douillet de la maison est d'autant plus appréciable.
Drôle de coïncidence, mais Stevenson, comme nous, avait connu un accueil amical
et chaleureux dans ce même village, quand il fit halte à l'auberge.
La conversation vient soudain glisser sur l'accident de voiture, sur la solitude et le chagrin de Ginette. Il nous semble que cela lui fait du bien d'en parler. Sa peine reste vivace et lui a laissé une plaie qui ne se referme pas, mais elle évoque ses larmes avec dignité, sans chercher à se faire plaindre, et cela nous touche d'autant plus. Notre hôtesse est une battante. Le téléphone sonne: son fils l'appelle, comme tous les matins. Nous sommes prêtes à partir, mais nous parlons à présent de la dernière épicerie du village, que, par erreur, nous pensions trouver encore. Elle n'existe plus et de ce fait, nous n'avons pas pu nous réapprovisionner.
Dieu me damne si nous l'avons fait exprès, non, vraiment, je ne puis dire
comment la discussion... Toujours est-il que
soudain, notre petite mamie va ouvrir un placard et découpe devant nous un
magnifique morceau de fromage du pays. Elle y ajoute un pain entier et nous prie
d'accepter tout cela. Confuses mais bien heureuses, nous la quittons, émues.
Tandis que nous achevons de lever le camp, la voici de nouveau qui nous rejoint,
tenant un pot de confiture de rhubarbe maison, aux écorces d'orange. Elle nous
l'offre avec la même simplicité chaleureuse et nous laisse ébahies devant tant
de gentillesse.
Nous retournons à notre voyage, et pendant quelque temps, nous cheminons en
silence, pleines de l'ambiance de cette rencontre.
Il fait beau. Il est huit heures vingt-cinq quand nous quittons Cheylard
l'Evêque.
Désireuses d'être
efficaces dès le départ, nous formons un "petit train": je marche devant Pistou,
le tenant par la longe. Biscotte elle-même est reliée à l'âne, trottinant devant
moi. Praline est attachée quant à elle derrière Pistou, et Catherine chemine en
"serre file", surveillant la caravane et prévenant la moindre rupture de rythme.
Nous avançons merveilleusement bien, toujours en forêt, et donc, dans une
relative fraîcheur. Nous mettrons les trois heures annoncées par le topo pour
rejoindre Luc. Pourtant, une nouvelle ampoule
fleurit à mon pied gauche et cela m'a bien pris dix minutes de plus pour la
soigner, lors
de notre pause rituelle qui, en milieu de matinée, n'excède jamais le quart
d'heure.
Malgré ce bon rythme, deux couples nous doublent . Guy et Annie, rencontrés en
chemin, Sylvie et Jacques rencontrés à la Modest'lnn de Langogne.
Je remarque toutefois avec fierté que personne ne nous rattrape dans les
montées. Là, nos équidés montrent qu'ils ont le sabot alpin. Sur le plat, ils
deviennent plus langoureux, comme s'il ne s'agissait plus d'une chose très
sérieuse.
Soudain, la vue s'élargit sur la Vallée de l'Allier.
Nous sommes parvenus aux ruines d'un château. Le topo nous apprend qu'il fut
construit avant le XIIe siècle sur un emplacement celtique. L'un des plus
importants de la région, il devint une forteresse militaire sur le chemin de Régordane, celui du pèlerinage de
Saint-Gilles. Il aurait été démantelé sur l'ordre de Richelieu vers 1630.
Classé monument historique en 1978, il fait l'objet d'une restauration
progressive. Du haut de sa tour, on peut admirer la chaîne des Puys, les sommets
du Vivarais et du Velay. par Flora Berger. Extrait de "Dans les pas de Stevenson". Editions
du Fournel.
Ancien hôtel de villégiature avec un grand jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), Cévenol, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, Montagne Ardéchoise, Margeride et des randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente.
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