Au cœur de l'immense forêt de Mercoire, au sud du Cheylard-l'Evêque, des moniales cisterciennes ont promené, près de 600 ans, leurs robes blanches et leurs voiles noirs. |
Si l'on ignore en effet la date exacte de la fondation de ce monastère, un texte nous apprend qu'il existait déjà en 1207.
L'abbaye possédait un sixième des 10 000 ha de la forêt de Mercoire, terres que lui avait données au XIIe siècle Guillaume de Randon. Pour subvenir à ses besoins, elle était également propriétaire de domaines en Vivarais, Velay et Gévaudan, dont elle recevait froment, seigle, poules, beurre, fromage, vin, huile, châtaignes...
A la fin du XIIIe siècle, le couvent comptait 50 religieuses et 15 «demoiselles», novices ou filles de la noblesse, élevées ici. Elles ne seront plus qu'une quinzaine au XVe siècle et 7 à la Révolution. Il est vrai que l'isolement ne put préserver l'abbaye de destructions diverses, à commencer par l'attaque des huguenots de Merle en 1578. En 1773, un incendie détruisit tout le monastère, à l'exception de l'église et de la chapelle. Des dons importants permirent alors la construction de bâtiments neufs, mais vingt ans plus tard, l'abbaye et son domaine furent vendus comme bien national, puis transformés en ferme vers 1875.
Quelques documents sur une abbaye royale du Gévaudan, au diocèse de Mende, nous permettent de suivre quelques instants une histoire vieille de six siècles. L'abbaye de Mercoire, fondée en 1207 au coeur des Cévennes, dans un tout autre contexte que celui de Saint-Antoine, eut des débuts très prospères et compta jusqu'à 50 moniales au XIIIème siècle. Cependant à la fin du XVème, les guerres, les incendies, les pillages, mais aussi l'âpreté du lieu, réduisirent à une quinzaine l'effectif de la communauté. Il y eut des périodes de découragement, puis des reprises. Au début de la Révolution, il n'y a plus que sept moniales, dont deux sont absentes.
Le 11 août 1790, les commissaires du district de Langogne viennent procéder à l'inventaire des effets mobiliers et des titres du monastère. Les diverses sources de revenus se montent à un total de 9 781 livres, 4 sous. Il n'est pas question des charges. L'inventaire terminé, les religieuses sont interrogées et requises de déclarer « si elles sont dans l'intention de vivre dans leur maison avec les voeux contractés ou si elles veulent profiter de la liberté que la loi leur offre ». Les réponses consignées sont unanimes. Mme de Treilles, l'abbesse, et les quatre autres moniales présentes déclarent « vouloir vivre et mourir dans la communauté si elle vient à se soutenir sous les voeux qu'elle a pour cet effet contractés ». Deux soeurs, Françoise et Rosalie du Fayet de Chabannes, sont parmi les présentes.
Le 11 novembre 1790, une des absentes. Marie-Anne de Vergèses du Mazel, âgée de trente ans, écrit au district de Langogne et déclare vouloir vivre et mourir dans l'état qu'elle a embrassé. «Je me regarde toujours, dit-elle, comme membre de la maison de Mercoire. Je n'ai quitté l'abbaye, le 19 novembre 1789, qu'avec la permission de mes supérieurs. » L'autre absente, Anne de La Tour de Clamouse, déclare qu'elle est sortie de Mercoire « avec la permission des supérieurs et par ordre exprès du médecin... faire les remèdes nécessaires à sa santé » (25 janvier 1791).
Le directoire du district de Langogne ne se presse pas de fournir la pension prévue aux moniales de Mercoire. Celles-ci, ne touchant plus leurs revenus, vivent dans une pauvreté voisine de la misère, sans se plaindre. Mais la rumeur publique avertit l'administration départementale de leur détresse. Le 14 juillet 1791, les magistrats délibèrent et accordent une provision de 1 800 livres, et le 6 août suivant, ils fixent à 1 500 livres la pension de l'abbesse et à 700 livres celle des moniales, pension payable de trois mois en trois mois par le receveur du district.
Les religieuses sont encore toutes à Mercoire le 15 juillet 1792, lors d'une perquisition due à la dénonciation d'un « patriote » de Langogne, qui désigne le lieu comme un repaire de suspects dangereux. Mais l'enquêteur trouve seulement « les dames et les domestiques », aucune arme. Il laisse donc la maison à leur disposition. Pas pour longtemps : le 29 décembre 1792, les moniales n'étaient plus là, conformément à la loi du 18 août précédent.
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Au XIIe siècle, l'abbaye de Mercoire était un lieu de paix et de dévotion, où vivaient des religieuses et des demoiselles, qui étaient soit des novices, soit des filles de la noblesse envoyées à l'abbaye pour y recevoir une éducation ou pour y attendre un mariage. L'abbaye avait été fondée par Guillaume de Randon, un seigneur du Gévaudan, qui avait offert une partie de la forêt de Mercoire aux moniales. Il était aussi le protecteur des troubadours, ces poètes et musiciens qui chantaient l'amour courtois.
Parmi les demoiselles de l'abbaye, il y avait Héloïse, la fille du comte de Rodez, qui était promise au baron de Sévérac. Héloïse était belle et intelligente, mais elle n'aimait pas le baron, qu'elle trouvait vieux et laid. Elle rêvait d'un autre destin, plus libre et plus romantique. Elle aimait écouter les chansons des troubadours, qui venaient parfois à l'abbaye pour divertir les moniales et les demoiselles.
Un jour, un jeune troubadour nommé Bérenger arriva à l'abbaye. Il était blond et beau, et il avait une voix mélodieuse. Il chantait des vers en l'honneur de sa dame, qu'il appelait sa "rose sans épine". Héloïse fut séduite par ses chansons, et elle se demanda qui était cette dame si aimée. Elle se mit à observer Bérenger, et elle remarqua qu'il la regardait souvent avec tendresse. Elle comprit alors qu'elle était sa rose sans épine, et elle en fut émue.
Elle se mit à lui parler, et ils se découvrirent des affinités. Ils partageaient le même goût pour la poésie, la musique, et la nature. Ils se promenaient ensemble dans la forêt de Mercoire, où ils admiraient les arbres, les fleurs, et les animaux. Ils se racontaient leurs rêves, leurs espoirs, et leurs craintes. Ils se confiaient leurs secrets, leurs joies, et leurs peines. Ils se souriaient, ils se touchaient, ils s'embrassaient. Ils s'aimaient.
Mais leur amour était interdit, car Héloïse était fiancée au baron de Sévérac, et Bérenger était un simple troubadour, sans fortune ni rang. Ils savaient qu'ils ne pourraient jamais se marier, ni vivre ensemble. Ils savaient qu'ils devraient se séparer, tôt ou tard. Ils savaient qu'ils risquaient la colère de leurs familles, et la réprobation de l'Église. Mais ils ne voulaient pas renoncer à leur bonheur, et ils décidèrent de profiter de chaque instant.
Ils se retrouvaient en secret, la nuit, dans la chapelle de l'abbaye, où ils se cachaient sous l'autel. Ils se faisaient des serments, et ils priaient Dieu de les protéger. Ils se faisaient des cadeaux, et ils se gravaient leurs noms sur les murs. Ils se faisaient l'amour, et ils oubliaient le monde.
Mais leur secret fut découvert, par une religieuse jalouse, qui les surprit un soir dans la chapelle. Elle les dénonça à l'abbesse, qui fut scandalisée. Elle fit appeler le comte de Rodez, le père d'Héloïse, et le baron de Sévérac, son fiancé. Elle leur raconta tout, et elle leur montra les preuves de la faute d'Héloïse et de Bérenger.
Le comte de Rodez et le baron de Sévérac furent furieux, et ils jurèrent de se venger. Ils firent arrêter Bérenger, et ils le condamnèrent à mort. Ils firent enfermer Héloïse, et ils la forcèrent à épouser le baron. Ils firent brûler les chansons de Bérenger, et ils effacèrent leurs noms des murs. Ils firent tout pour effacer leur amour.
Mais ils n'y parvinrent pas. Car Héloïse et Bérenger s'aimaient plus que tout, et ils ne renièrent jamais leur amour. Avant de mourir, Bérenger chanta une dernière fois sa rose sans épine, et il lui dit adieu. Avant de se marier, Héloïse écrivit une dernière fois à son troubadour, et elle lui dit qu'elle l'aimait. Ils gardèrent leurs souvenirs, et ils espérèrent se retrouver au paradis.
L'abbaye de Mercoire fut triste et sombre, après ce drame. Les religieuses et les demoiselles pleurèrent Héloïse et Bérenger, et elles regrettèrent leur amour. Elles prièrent pour eux, et elles leur rendirent hommage. Elles firent une croix sur la tombe de Bérenger, et elles y déposèrent des roses. Elles firent une chanson sur l'histoire d'Héloïse et de Bérenger, et elles la chantèrent à chaque printemps.
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