Perché à 410 mètres d’altitude, sur un éperon rocheux qui défie le ciel, le château de Saint-Germain-de-Calberte se dresse fièrement. En Lozère, au cœur des Cévennes mystiques, dans l’ombre de l’ancien Gévaudan, il veille sur le Gardon qui serpente en contrebas. À un kilomètre au nord-est, le village actuel semble se cacher timidement au fond de la vallée. Sa première pierre posée au XIe siècle, le château n’était alors qu’une ébauche de ce qu’il deviendrait au siècle suivant. Sous l’égide des seigneurs d’Anduze, gardiens des Baronnies de Portes, il prit de l’ampleur, devenant un bastion de puissance et de prestige.
Lorsque les vents de la croisade des Albigeois soufflèrent, le comte de Toulouse, suzerain des seigneurs, entra en conflit avec le roi de France. Le château, pris dans la tourmente, fut arraché à ses maîtres en 1229. La lutte pour sa possession ne fit que commencer. L’évêque de Mende et le roi de France se lancèrent dans une bataille juridique acharnée pour ces terres.
Ce n’est qu’en 1307, après trente-six ans de procès, que l’acte de paréage scella son sort au profit du roi. Mais le château ne perdit pas pour autant son âme; il resta dans les mains des barons de Portes jusqu’en 1320. C’est alors que Raymond de Cadoène, dans un geste de loyauté, l’acquit et rendit hommage aux barons. Malgré cela, le château fut témoin des aléas et des caprices de la seigneurie de Portes, restant un symbole éternel de la grandeur passée.
Dans les brumes de l’histoire, le destin du château de Calberte se tisse avec des fils d’intrigue et de guerre. En 1322, Guillaume de Randon cède la baronnie à la famille des Budos, alliés des Anglais en pleine guerre de Cent Ans. Leur loyauté leur coûte cher : en 1340, le roi de France confisque la baronnie, la vendant quatre ans plus tard à Guillaume II Roger de Beaufort. Le traité de Brétigny de 1360 efface les confiscations, plongeant la seigneurie de Porte dans une ère de dualité. Les Budos et Guillaume III Roger de Beaufort s’affrontent dans une guerre privée de deux décennies pour revendiquer ces terres. Ce n’est qu’en mars 1384 que le parlement tranche, rendant justice à Thibaud de Budos.
Le château, comme ses frères de pierre des Cévennes, a sans doute affronté l’assaut des routiers durant ces années sombres. Mais son histoire s’assombrit davantage au XVe siècle, quand il est abandonné pour des raisons inconnues, tombant lentement dans l’oubli. Le village voisin, déserté bien avant, entre la fin du XIIIe et le milieu du XIVe siècle, ne lui offre plus de compagnie. Les ruines du château, témoins silencieux des tumultes passés, deviennent un refuge durant les guerres de Religion et la révolte des camisards. Et c’est sous le nom de château Saint-Pierre que les habitants de Calberte, au XXe siècle, désignent ces vestiges, empreints de la grandeur et des tragédies d’autrefois.
En 1964, le château de Calberte, témoin silencieux des siècles passés, trouve refuge dans les mains bienveillantes de la famille Darnas. Avec un courage qui défie l’ampleur de la tâche, ils entreprennent la restauration de ce géant de pierre. Chaque vacance scolaire devient une occasion de lui redonner vie, malgré l’accès ardu et le scepticisme ambiant.
Le château, isolé et accessible seulement par un sentier étroit, échappe au sort de tant d’autres, préservant ses pierres schisteuses originelles. M. Darnas, tel un chirurgien des temps anciens, étudie chaque pierre, chaque trace, pour révéler la structure d’origine, ses formes et ses moindres détails. Les murs se redressent, fidèles à leur passé, sauf pour la tour ronde, trop meurtrie par le temps, qui doit céder face à la nécessité. Isabelle Darnas, la médiéviste, poursuit l’œuvre de son père, sondant les profondeurs de l’histoire à travers des fouilles archéologiques.
Grâce à elle, le château révèle ses secrets, permettant une restauration d'une authenticité remarquable. Seuls les yeux les plus aiguisés peuvent distinguer les pierres d'antan de celles posées par des mains modernes, un hommage discret à l'histoire et à la persévérance.
Dans un royaume lointain, où les collines murmurent des légendes anciennes, se dresse un château majestueux, presque entièrement ressuscité de ses cendres. Jadis en ruine, il s'élève aujourd'hui, fier et restauré, grâce aux pièces d'or glissées par les visiteurs estivaux, curieux de découvrir ses secrets. L'été, le château s'anime, dévoilant une exposition qui conte l'épopée de sa renaissance et les trésors enfouis, exhumés par les fouilles. L'orfèvre ciseleur, maître des lieux, y expose ses œuvres d'art, témoins de son talent et de son amour pour ce lieu chargé d'histoire.
Ce bastion médiéval se compose d'un ensemble de bâtiments, chacun racontant un chapitre de son passé glorieux. Le grand donjon carré, qui s'élève à 11 mètres, garde les souvenirs du XIIe siècle. À ses côtés, un logis rectangulaire plus ancien, avec ses deux étages, veille silencieusement. Au XIVe siècle, des merlons et des créneaux furent ajoutés, ainsi qu'une bretèche protectrice au-dessus de la porte, comme pour défier le temps lui-même. Quatre dépendances, une tour ronde et une chapelle castrale complètent ce tableau digne d'une toile de maître.
Une première enceinte sépare les bâtiments du château de ceux du village médiéval, niché en contrebas sur le flanc nord. Ce village, ceint d'une deuxième muraille, abritait jadis une quinzaine de maisons, où vivaient une centaine d'âmes. Les demeures fouillées révèlent une architecture à deux niveaux, avec des toits à double pente couverts de lauzes, et des rues équipées d'un ingénieux système de drainage.
Les fouilles ont révélé que ces maisons abritaient principalement des activités de métallurgie, comme en témoignent les scories, les foyers et l'agencement des lieux. Ainsi, le château et son village attenant continuent de dévoiler leurs mystères, invitant les visiteurs à un voyage à travers le temps, où chaque pierre a une histoire à raconter.
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L’Histoire du Chevalier Perdu
Il était une fois, au XIVe siècle, un jeune chevalier nommé Guillaume, dont la bravoure n’avait d’égale que sa loyauté envers le seigneur de Calberte. Guillaume était connu pour ses prouesses au combat et son cœur noble, mais un secret le tourmentait : il était éperdument amoureux de la fille de son seigneur, la belle Aliénor.
Un jour, une terrible nouvelle arriva au château : un dragon terrifiant avait élu domicile dans les montagnes voisines, semant la terreur parmi les villageois. Le seigneur promit la main de sa fille à quiconque vaincrait la bête. Guillaume y vit l’occasion de prouver sa valeur et de gagner le cœur de sa bien-aimée. Armé de sa lance et de son courage, Guillaume partit affronter le dragon. Après une lutte acharnée, il réussit à terrasser la créature. Mais, épuisé et blessé, il s’évanouit près du corps sans vie du monstre. À son réveil, le dragon et lui étaient enveloppés dans une brume mystique, et le château n’était plus en vue. Des jours passèrent avant que Guillaume ne retrouve son chemin. À son retour, personne ne crut à son histoire, car le dragon avait disparu, emporté par la brume magique. Le cœur brisé, Guillaume quitta le château, jurant de revenir un jour avec la preuve de son exploit.
On raconte que le fantôme de Guillaume erre encore dans les ruines du château, cherchant éternellement à prouver son amour et sa bravoure. Et certains soirs, lorsque la brume enveloppe les montagnes, on peut entendre le son lointain d’une bataille et le cri d’un dragon. Cette histoire, mêlant amour, courage et mystère, est l’une des nombreuses qui hantent les pierres anciennes du Château de Saint Pierre de St Germain de Calberte. Qui sait quelles autres légendes attendent d’être découvertes dans ses ombres séculaires ?
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