Mende est une ville ancienne, sur la rive gauche du Lot, à 567 kilomètres au sud-est de Paris, chef-lieu du département de la Lozère, d'un arrondissement et d'un canton, avec tribunal de première instance, évêché, séminaire diocésain, collège, chambre consultative des manufactures, société d'agriculture, sciences et arts, etc.. C'était autrefois le chef-lieu d'un comté, siège d'un évêché et d'un bailliage, dépendant du parlement de Toulouse et de la généralité de Montpellier; elle possédait: collège, séminaire, couvents de cordeliers, carmes, capucins, ursulines, etc.
Au IVe siècle, cette ville n'était qu'un petit bourg (viculus], composé d'habitations éparses le long de la rive gauche du Lot, au-dessous du mont Mimat, qui lui a donné son nom, au milieu d'un pays abondant en laitage et en mines d'argent. Après la .destruction de Gabalum et le siège de Grèzes (Castrum Gredonense) par les Vandales (376), saint Privat, apôtre des Gabales, s'était réfugié dans une grotte voisine de ce bourg, sur le mont Mimat. Surpris par les barbares, il refusa de sacrifier à leurs idoles. Alors, dit la légende, ils placèrent le saint dans un tonneau garni de faux tranchantes et le firent rouler jusqu'au pied de la montagne; mais des âmes pieuses recueillirent secrètement le corps du martyr et l'ensevelirent.
Après le départ des Vandales, on bâtit une église sur son tombeau. Bientôt célèbre par les miracles que ses reliques y opéraient, ce lieu qui, suivant le chroniqueur Adon, n'était qu'un mas (un hameau), se peupla et se couvrit d'habitations, et insensiblement il se forma à l'entour une ville si considérable que celle de Gabalum fut tout à fait abandonnée. Mende hérita de la puissance de l'antique cité des Gabales: elle devint la capitale du Gévaudan, et le siège épiscopal, qui était auparavant à Javoux, y fut transféré. Cette translation eut lieu d'une manière solennelle; on plaça dans l'église les reliques de saint Privat. Depuis, le siège épiscopal est toujours resté dans cette ville; il a été suffragant de la métropole de Bourges jusqu'à l'érection de l'archevêché d'Albi. Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse et du Gévaudan, céda, dit-on, aux évêques de Mende ses droits sur ce pays.
Adalbert, qui occupait ce siège en 1161, fit élever des murailles autour de Mende, qui de bourg devint alors cité. Adalbert ayant fait hommage de ses droits au roi Louis VII, en obtint une bulle d'or. Le roi dit dans cette charte: « Qu'on n'avoit vu de mémoire d'homme aucun évêque de Gévaudan venir à la cour des rois de France, ses prédécesseurs, pour leur jurer fidélité, parce que ce pays de difficile accès avoit toujours été au pouvoir des évêques, qui y exerçoient l'autorité temporelle et spirituelle; qu'Adalbert, sachant que la justice royale appartenoit à l'autorité royale, estoit venu reconnoître, en présence des principaux barons du royaume, que son évêché dépendoit de la couronne de France, et que, se soumettant à la personne du roi, il lui avoit prêté serment de fidélité. » Le roi « déclare aussi que cet acte ne préjudicie en rien aux droits dont les évêques gabalitains avaient toujours joui, et il accorde à Adalbert et à ses successeurs l'évêché des Gabali, avec les droits régaliens. Il veut enfin que celle église soit libre et exempte de toute exaction. »
Telle est l'origine du pouvoir temporel dont les évêques de Mende jouirent jusqu'à la Révolution. Ils étaient seigneurs haut justiciers de la ville et avaient le droit de battre monnaie. Ils prétendaient même à la souveraineté du pays. On rapporte que ces prélats, officiant pontificalement, faisaient mettre devant eux auprès de l'autel un sceptre d'or; l'un d'eux, Guillaume de Peyre, ne se contenta point de l'aire la guerre au roi d'Aragon, mais à ses propres vassaux (1223); ceux-ci se révoltèrent, chassèrent l'évêque, qui ne tarda pas à rentrer, mais pour recommencer ses menées. Il céda, en 1225, le Gévaudan à Jacques, roi d'Aragon; ses successeurs n'en revendiquèrent pas moins leur droit sur ce pays; mais déjà la royauté avait grandi, et de toutes parts les seigneurs féodaux comptaient avec elle. Se sentant trop faible pour lui résister, l'évêque de Mende consentit, en 1306, à partager avec Philippe le Bel la seigneurie et la justice du Gévaudan. D'après ce traité, l'évêque fut reconnu comte et le roi souverain de ce pays.
Avant 1789, on y rendait encore la justice en leur nom. Quand c'était le tour du roi, elle se rendait à Marvejols, et à Mende quand c'était le tour de l'évêque; ce dernier présidait, en outre, les états du Gévaudan. Parmi les sièges épiscopaux de France, celui de Mende n'est pas le moins illustre: il compte soixante-douze évêques, dont cinq au rang des saints; un pape, Urbain V, et six cardinaux.
Dans la guerre de Charles VII et de Louis XI contre les d'Armagnac, les habitants de Mende se déclarèrent pour la royauté. Aussi Louis XI, pour récompenser ses consuls et ses habitants, en 1479, leur permit d'ajouter à leurs armes deux fleurs de lis au chef de l'écu; il fit plus, il nomma, en 1475, Jean Petit, évêque de Mende, son lieutenant général en Languedoc, et leur octroya divers privilèges. L'évêque de Mende, seigneur de la ville, s'opposa à l'exécution des lettres du roi qui passa outre et ajouta aux armes qu'il avait accordées aux consuls et habitants de Mende un L couronné entre les deux fleurs de lis qui étaient au chef de l'écu (1475).
Au XVIe siècle, Mende eut à souffrir des guerres de religion. Assiégée et prise en 1562 par les protestants, qui n'y laissèrent qu'une faible garnison, elle avait été reprise par les catholiques, quand, dans la nuit de Noël 1579, pendant que les habitants étaient dans les églises, le capitaine Merle, à la tête d'une bande de calvinistes, l'escalada et s'empara de la grande place avant que les habitants puissent se rassembler. Le gouverneur voulut la défendre, mais il fut tué, et quelques soldats qui s'étaient réfugiés dans une tour furent obligés de se rendre. Il y eut un grand nombre de catholiques égorgés, et la ville fut brûlée et rasée en grande partie. Alors la noblesse catholique du Gévaudan, du Velay, de l'Auvergne et du Vivarais, s'assemble à Chanac, et sous les ordres de Saint-Vidal et de Christophe d'Apcher entreprend de chasser de Mende les religionnaires.
Saint-Vidal et d'Apcher envoient sommer le capitaine Merle de rendre la place. Merle répondit qu'il les attendait, et que, s'ils ne venaient pas à lui, il irait les chercher. Il tint parole. Sorti de Mende à la tête de cent gens d'armes et de deux cents arquebusiers à cheval, il arrive secrètement de nuit à Chanac, en force les portes, et, faisant main basse sur les gardes, entre dans la ville, d'où il ne sort que chargé de butin et emmenant avec lui deux cents chevaux de bataille pris aux catholiques (1580).
Châtillon, qui commandait dans le bas Languedoc pour le roi de Navarre, engagea le capitaine Merle à sortir de Mende, sous prétexte qu'il avait besoin de son secours pour le siège d'une place, — en réalité pour l'éloigner d'une ville où il compromettait la cause de la Réforme par ses excès. Merle ayant donné dans le piège, Châtillon s'empara de Mende et y mit garnison; mais, furieux d'avoir été joué, le capitaine huguenot surprend la ville, la met à contribution et chasse en partie les habitants qui lui étaient suspects. S'il évacua la place dans la suite, ce fut volontairement, en vertu d'un traité dont il dicta les conditions (1581). Alors Mende renfermait plusieurs églises très riches. On rapporte que les calvinistes emportèrent de Mende plus de deux cents quatre-vingts marcs d'argent en vases sacrés et en reliquaires. Ils fondirent la grosse cloche de la cathédrale pour en faire des canons.
A la fin du XVIe siècle, en 1595, Mende tomba au pouvoir du duc de Joyeuse. Celui-ci y fit construire une citadelle, qui fut rasée en 1597, Henri IV ayant réduit la ville sous son obéissance. Après son démantèlement, cette ville ne prit aucune part aux guerres civiles ou religieuses, qui éclatèrent dans le pays sous Louis XIII et sous Louis XIV.
Mende s'élève dans un vallon charmant sur le bord du Lot, au pied de montagnes d'où jaillissent un grand nombre de sources qui s'en vont serpentant à travers les jardins et les prairies des bastides éparses autour de la ville. Rien de plus agréable que l'aspect de ces petites maisons blanches au milieu de campagnes fertiles et de riants vergers. Vue de loin avec sa forme triangulaire, ses clochers et ses toitures en ardoises, Mende charme les regards du voyageur. Son église est assez remarquable. Bâtie d'abord dans le quartier dit des Claustres, à cause du cloître qui y était adossé, elle fut bientôt trop petite pour un clergé nombreux et la population de la ville, qui allait toujours croissant. Il fallut songer à faire construire un vaisseau plus grand.
A cet effet, le roi Charles V ordonna en 1364, à la prière du pape Urbain V qui avait été évêque de Mende, le dénombrement des feux du Gévaudan, taxés chacun à un florin; et, en 1366, les travaux commencèrent. Ce n'est qu'en 1467 que cette reconstruction fut achevée. Au XVIe siècle, cette église était très riche en ornements, vases d'église, châsses, or, vermeil et argent, qu'elle devait à la munificence du pape Urbain V ou de ses évêques; mais les guerres de religion l'en dépouillèrent. Restaurée en 1620, mais assez mal, quoique son clergé comptât plus de cent bénéficiers, c'est encore aujourd'hui un vaste et majestueux édifice.
Bâtie dans le style gothique, elle est divisée en trois nefs et surmontée de deux clochers, dont le plus haut passe pour un chef-d'œuvre d'art. Rien de plus élégant et de plus hardi que sa structure, ses ornements dentelés, ses colonnes effilées, ses galeries et l'élévation de sa flèche. Il faut monter deux cent quarante et une marches pour parvenir à la quatrième galerie, où se trouve l'horloge. Sa flèche est octogone, et présente, à l'extrémité, dans l'intérieur, des ouvertures oblongues comme celles des minarets.
Avant les guerres du XVIe siècle, il y avait là une grosse cloche dite la nonpareille. C'est cette cloche que les calvinistes, en 1579, convertirent en canons. Un dôme ou chapiteau en forme de cône renversé, qui en représente, dit-on, les dimensions, couronne la tour de l'escalier. Après les Cent-Jours, le préfet de la Lozère et le maréchal Soult furent enfermés dans ce clocher; mais là se bornèrent heureusement les excès de la réaction royaliste à Mende.
Il y avait autrefois dans cette ville un couvent de cordeliers, fondé, vers l'an 1220, par saint Antoine de Padoue. Pillé et saccagé par les huguenots, il fut rétabli par la bienfaisance des hauts barons du Gévaudan, dont les armoiries étaient au-dessus du portail de l'église et les tombeaux autour du parvis. Il parait que ces seigneurs, qui n'habitaient pas Mende et qui avaient des sépultures dans les églises paroissiales de leurs terres, préféraient être enterrés dans cette église.
Il y a plusieurs années, en la dépavant, on y trouva des ossements et un anneau sur le chaton duquel on avait gravé des armes dans un écusson. Un croit qu'il appartenait à l'un de ces barons, qui, suivant l'usage d'alors, ne sachant ni lire ni écrire, se servait de son anneau pour sceller ses actes, comme d'autres le faisaient avec le pommeau de leur épée.
Depuis, Mende tend à s'embellir. Son boulevard, ses nouvelles rues sont bordés d'assez beaux édifices. Son palais de justice, sa fontaine des Griffons, sa place d'Urbain V où s'élève la statue de ce pape fondateur de sa cathédrale, son hôtel de ville, son ancien palais épiscopal, l'hôtel de la préfecture, sa bibliothèque, un musée, de vastes casernes, telles sont, avec sa cathédrale, les seuls monuments remarquables que cette ville possède. Sur la pente rapide et dépouillée du mont Mimat, qui la domine, se trouve l'ermitage de St Privat, taillé en partie dans le roc. Cet ermitage est à 200 mètres au-dessus de la ville: on y monte par un sentier où s'élèvent de distance en distance des stations pour les fidèles qui s'y rendent en pèlerinage. Il se faisait à Mende un commerce considérable de draps communs connus sous le nom de serge de Mende, et que l'on expédiait dans les départements et à l'étranger. Une grande partie du peuple tirait sa subsistance du produit de sa fabrique. L'habitant de Mende est doux, affable et prévenant.
Cette ville est la patrie du médecin Antoine Blauquet.
Les armes de Mende étaient autrefois: d'azur, à la lettre capitale gothique M d'argent, avec la capitale L d'or en tête, flanquée de deux fleurs de lis d'or; elles sont aujourd'hui: d'azur, à la lettre capitale gothique M d'argent (aliàs d'or), et un soleil d'or en chef. Et pour devise: TENEBRE EAM NON COMPREHENDERUNT.
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