Le village du Pont-de-Montvert est situé aux bords du Tarn en Lozère (Occitanie). Chemins de randonnées: Chemin Stevenson GR®70, GR®72.

Visite du Pont-de-Montvert et de ses allentours avec un guide ancien qui nous plonge dans l'atmosphère de l'époque en Lozère.

 

Le Pont-de-Montvert à l'époque

1 Le Pont-de-Montvert à l'époqueLe Pont-de-Montvert (882 m.; cars pour Florac, Génolhac, Mende; Hôtel de la Truite Enchantée, 12 chambres, tél. 3), 607 hab., sur les deux rives du Tarn, au débouché des vallons du Martinet (rive gauche) et de Rieumalet (rive droite), avec un périmètre de reboisement de 1.284 ha, fut un des foyers les plus ardents du protestantisme dans les Cévennes; c'est là que prit naissance le soulèvement des Camisards, le 24 juillet 1702, par le meurtre de l'archiprêtre du Chayla.

Le bourg est dominé au Nord par le mont Lozère.A 5 km Sud-Ouest, Grizac, hameau avec un ancien château, aujourd'hui ferme, où naquit le pape Urbain V (1309-1370).

Du Pont-de-Montvert au Bleymard, 23 km Nord par (6 km 5) Finiels, où l'on rejoint la route du Mont Lozère; au col de Montmirat par Runes.

2 Le Pont-de-Montvert à l'époqueDu Pont-de-Montvert à Florac, la vallée du Tarn est encore creusée dans les roches anciennes. Le Viala, hameau où s'embranche à droite la route du col de Montmirat.

La route N. 598, fort belle, descend la vallée du Tarn à une grande hauteur au-dessus des rochers à pic de la rive droite. On passe devant le château de Miral, perché sur un promontoire, à gauche. Cocurès: belle vue sur les falaises du causse Méjean.

La vallée s'élargit; on descend pour franchir le Tarn et on laisse à gauche Bédouès qui a une église du XIV° fondée par le pape Urbain V.

A droite, château d'Arigès. On rejoint, au confluent du Tarn et du Tarnon (535 m.), la route N. 107 qu'on suit à gauche en remontant la vallée du Tarnon, et l'on franchit cette rivière avant (48 km 5) Florac.

A la sortie de Génolhac, la route N. 106 franchit l'Homol et laisse à droite la route de Florac. Belle-Poêle, hameau au-delà duquel on descend sinueusement vers la rive gauche du Luech que l'on franchit en entrant à Chamborigaud.
Chamborigaud (300 m.; chemin de fer); mines de houilles. A 1 km Est, beau viaduc courbe de la ligne de Nîmes, haut de 60 m., sur le Luech. On laisse à gauche la route de Bessèges qui descend la gorge sauvage du Luech.
La route N. 106 s'élève en lacets sur le faîte qui sépare le bassin de la Cèze de celui du Gardon. La Tavernole, qu'une route sinueuse et pittoresque de 10 km relie à Sainte-Cécile-d'Andorge.
Portes (578 m.), avec un beau château des XIV° et XVII°, campé au point culminant de la route qui redescend désormais par de grands contours. Carrefour où s'embranche à droite la route de La Grand-Combe (6 km) par le col de Malpertus (390 m.). Le Pradel (391 m.).
La route, toujours accidentée, se glisse entre les collines, descend à travers les garrigues en dominant à droite la vallée du Gardon, et débouche enfin dans la plaine d'Alès. A droite, forges et hauts fourneaux de Tamaris.

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4 Le Pont-de-Montvert à l'époque1 Le Pont-de-Montvert à l'époqueAvant Le Pont-de-Montvert les parois rocheuses surplombant la route longeant le Tarn brillent des grandes cascades de glace qu'ont formées les eaux de ruissellement et le froid polaire de ces derniers jours. Rituellement : brève halte au village.
C'est mon frère qui m'a fait connaître Le Pont-de-Montvert, il y a plus de quarante ans déjà... Comment lui-même avait-il découvert ce coin de Lozère ? Je ne sais plus trop ; il baladait beaucoup, il aimait conduire. Nous avons pêché ensemble dans le coin durant des années, puis Tanh s'est marié, il est parti vivre dans le sud-ouest, près de ces Pyrénées auxquelles il s'était attaché puissamment et près desquelles la mort l'a saisi. Il devait avoir cinq ou six ans quand il est entré dans notre famille, laissant derrière lui son Vietnam natal et ses plus mau-vais souvenirs.

Tanh vint grandir avec nous, cahin-caha. Il me voyait souvent préparer mes sorties, et son regard s'allumait quand je déballais tout ce petit matériel : pinces, ha-meçons, bobines de fils, plumes, flotteurs. Un jour il insista pour m'accompagner au bord de l'eau... Le soin méticuleux, l'ingéniosité et la patience faisaient partie de ses qualités na-tives : il aura été un pêcheur extraordinaire. Mais il y avait aussi chez ce gars un inépuisable esprit de compétition : notre com-plicité n'était jamais tout à fait ce que j'aurais aimé qu'elle fût. Pourtant son amour de la pêche et de la nature était profond, et je me souviens avec émotion de nos échanges au bord du Tarn.

J'ai souvent réfléchi, depuis ce week-end de Pentecôte 1973 où je débarquais à Pont-de-Montvert, sur mon attachement absurde à ce morceau de météorite qu'est le sud de la Lozère. Aurais-je pu y vivre ? Je ne sais pas ; plus haut oui, vers Mende et la vallée du Lot, l'Aubrac et la Margeride, très certainement. Niais les Cévennes ont quelque chose de terrible dans leur géo-graphie, Jean Carrière décrit tout ça admirablement dans L'entier de Maheux. Et pourtant j'aime ce pays : les Cévennes ce sont d'abord les Cévenols, je me comprends. (Le pouvoir d'un paysage, son influence sur l'âme d'une population ne suit pas toujours des pentes logiques : la splendeur aérée des Alpes pro-vençales par exemple est en contradiction avec la dureté de leurs villages, alors que la rudesse et, disons les choses, la lai-deur de certains paysages des Cévennes n'a pas atteint la bonté de leurs populations.

5 Le Pont-de-Montvert à l'époqueJe me souviens de cette veillée vers la fin des années quatre-vingt, par là, dans un gîte rural au bord du Rieumalet. Des flammes roses dansaient sur les braises, éclairant nos profils. On se souriait. À un moment la soirée fut consacrée aussi au souvenir de Paul que certains parmi nous connurent bien. J'avais fait sa connaissance un soir de juin, deux ou trois ans plus tôt. Nous revenions tous deux de la pêche. À l'abord rien de plus austère et de plus parfaitement sympathique que ce mètre quatre-vingts de Parigot taiseux, maigre comme un cou-cou, à la voix très basse.

Au Café du Commerce nous avions bu de la bière en décortiquant des pistaches. J'avais été frappé par les mots que Paul choisissait pour décrire, souligner la révélation qu'avait été pour lui la sauvagerie de ces landes celtiques, la vio-lence de leurs torrents et la douceur de leurs ruisseaux. C'était cinq ou six ans plus tôt. Il arrivait de Paris où il exerçait on ne sait plus trop quelle profession libérale. Passionné de pêche à la mouche il voulait découvrir le Tarn et le Lot dont il parlait comme faisant partie des plus belles rivières à truites d'Europe.

6 Le Pont-de-Montvert à l'époqueJe sus plus tard qu'il s'agissait aussi pour lui de guérir du souve-nir d'une femme. Il débarqua donc un matin d'avril, et à la stupéfaction de tous il resta là, il ne rentra pas à Paris. Tout ce qu'un roma-nesque de convention peut imaginer y passa, même quelques nuits à la belle étoile. Il vécut dans un gîte d'étape avec un peu d'argent, le linge qu'il avait amené dans une vieille valoche et sa Peugeot déglinguée...

Mais il avait trouvé son lieu. Il fit des petits boulots, répara des murs de clôture, garda des bêtes, entretint des voitures, il donna même quelques leçons de pêche à la mouche ; enfin il passa avec succès un modeste con-cours d'ouvrier à la Voirie départementale et loua une petite maison dans le village. Cette volte-face sociale suffit bien en-tendu à lui assurer une vraie gloire dans la région. Mais ce sont aussi ses talents de pêcheur qui l'ont fait connaître. Je sais de quoi je parle. En temps et lieux: Brouillard d'automne Par Patrick Heurley

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7 Le Pont-de-Montvert à l'époqueJe voudrais avoir un guide qui pût me conduire au Pont-de-Montvert, et partir à l'instant, dit Toinon. Aller au Pont-de-Montvert, madame ! Mais vous ne savez donc pas que les hérétiques de l'ouest... Je sais tout ce qu'on dit, mais il n'importe; je veux partir à l'heure même pour le Pont-de-Montvert, et trouver un guide. En connaissez-vous un ? Thomas Rayne tourna son bonnet dans tous les sens, se gratta l'oreille et finit par dire : On a tellement peur des fanatiques, madame, depuis qu'ils se sont rassemblés en armes, que, ni pour or, ni pour argent, vous ne trouverez personne qui veuille mettre le pied hors de la ville. Mais le postillon qui m'a amenée... ne peut-il pas me conduire au Pont-de-Montvert ? Le postillon ! Sortir d'ici ! Et voilà la nuit qui vient ! Ah ! madame, on voit bien que vous êtes étrangère. On couvrirait leurs selles de pièces d'or qu'ils ne bougeraient pas, les postillons ! Et les hérétiques! vous ne savez donc pas que la vue d'une voiture les attire comme le miel attire les mouches! Quelle lâcheté! s'écria Toinon en frappant du pied avec colère; ne pas trouver un homme de coeur et de résolution! Si madame voulait attendre à après-demain, il doit arriver de Nîmes un convoi de muletiers qui s'en vont dans le Rouergue; ils doivent passer tout près du Pont-de-Montvert. S'ils osent toutefois malgré les bruits s'aventurer dans l'ouest, alors vous pourrez les suivre. Mais une heure, une minute de retard, sont pour moi d'une conséquence fatale ! Je donnerai, vous dis-je, vingt, trente louis, s'il le faut... mais trouvez-moi un guide, pour l'amour du ciel un guide !

8 Le Pont-de-Montvert à l'époqueAprès avoir réfléchi quelque temps, l'hôtelier se frappa le front et s'écria : Peut-être que la pauvre jeune femme noire, qui se dit aussi bien pressée d'arriver dans l'ouest, consentira à vous accompagner, madame. Quelle est cette femme? Une pauvre fille vêtue de deuil, qui voyage à pied. Elle est arrivée il y a tantôt une heure; elle se repose maintenant, mais elle veut se remettre en route au coucher du soleil , malgré tout ce qu'on a pu lui dire. Par saint Thomas, mon patron ! elle a l'air de ne craindre ni Dieu, ni diable, ni fanatique, ni prophète... Quelle fille , Jésus-Dieu ! un corselet d'acier lui irait mieux qu'une gorgerette ! Et où va-t-elle ? A Saint-Andéol-de-Clerguemot; c'est à deux lieues du Pont-de-Montvert.

Vous voyez, madame, que si elle veut vous conduire où vous avez affaire, cela ne la dérangera pas beaucouPaul Et où est cette jeune fille ? Puis-je la voir ? Envoyez-la moi , dit vivement Toinon; je la paierai ce qu'elle voudra, si elle consent il me servir de guide. Thomas Rayne secoua la tête. Cette pauvre jeune fille semble plus fière que la femme d'un comte, madame. Voyant qu'elle voyageait à pied, et la croyant indigente, lorsqu'elle a voulu me payer le morceau de pain, le verre d'eau et les aubergines grillées qu'elle a mangées bien modestement, je lui ai dit : Gardez votre argent, ma bonne fille, Thomas Rayne n'a pas pris pour rien l'enseigne de la Croix pastorale. Faites une prière pour moi, et je serai bien payé de mon aumône.

9 Le Pont-de-Montvert à l'époqueMais, Dieu du ciel ! à ce mot de prière et d'aumône, la jeune fille m'a jeté avec sa piète d'argent un regard si courroucé, qu'à l'avenir je demanderai plutôt double écot à mes hôtes, que de leur faire seulement la générosité d'un verre d'eau!! Elle est fière, tant mieux ; elle me comprendra peut-être. Elle est dans la petite chambre près du pressoir, dit Thomas Rayne. Le chemin est obscur ; si madame veut me suivre, je vais là guider.
Toinon suivit l'hôtelier. Après avoir traversé une cour, elle arriva dans un assez long corridor. Ne se souciant pas sans doute de se trouver avec la jeune fille qu'il avait involontairement offensée, Thomas s'arrêta et dit à vois basse à la Psyché, en lui montrant une porte entrouverte : Voici sa chambre, madame. Et il disparut. Toinon trop préoccupée de sa résolution pour se sentir intimidée, poussa doucement la porte et entra.

10 Le Pont-de-Montvert à l'époqueSans doute accablée par les fatigues de la mute, la jeune fille dormait. Elle était si belle , malgré la pauvreté de ses vêtemens, sa beauté avait un caractère si énergique et si grand, que Toinon resta un moment stupéfaite d'admiration. Cette chambre, petite, obscure, était éclairée par un oeil-de-boeuf, placé assez haut, qui filtrait un jour vif et rare sur le grabat ou la jeune fille reposait, vêtue d'une longue robe de bure noire; un mantelet à capuchon de même étoffe nommé gaulle dans le bas Languedoc, était posé près d'elle sur une chaise, avec son baton ferré, un bissac de cuir et ses sandales poudreuses.

Le noble profil de la jeune fille se détachait en lumière des ombres de l'alcôve : on eût dit le modèle d'une des ardentes et brunes figures de Murillo ou de Zurbaran. Elle avait le front large, le nez droit et un peu long, les lèvres relevées et charnues, le menton saillant, l'arcade de l'orbite presque aussi droit que le sourcil d'ébène qui le dessinait. Ses cheveux, d'un noir bleu à reflets lustrés, un peu défrisés par l'humidité de l'eau dans laquelle la jeune fille avait sans doute baigné son visage, tombaient en boucles naturelles autour d'un cou d'une pureté antique. Le frais duvet de la jeunesse veloutait son teint doré par le soleil du midi. Quoiqu'elle fût pâle, le brun animé de sa peau annonçait la force et la santé.

Elle était de haute stature, et ses larges épaules. ainsi que ses robustes hanches, faisaient encore valoir sa taille fine et svelte. Les manches de sa robe, relevées pendant son sommeil, laissaient voir ses bras nus, ronds et nerveux : l'un pendait presque jusqu'à terre, l'autre soutenait sa tête. Ses mains et ses beaux pieds, quoique un peu hâlés, témoignaient par l'élégance de leurs formes qu'elle ne se livrait habituellement ni à de longues fatigues, ni à de durs travaux.

11 Le Pont-de-Montvert à l'époqueToinon examinait en silence, avec une curiosité mêlée de crainte. cette beauté sauvage; tout à coup la jeune fille fit un mouvement, et sa figure, au lieu de rester de profil, se trouva de face. Sous ce nouvel aspect, l'expression de sa physionomie parut à la Psyché sombre, violente, presque menaçante. Le jeune fille rêvait, un sourire amer et douloureux agitait ses lèvres. Elle plissait ses noirs sourcils, deux ou trois fois elle secoua la tête sur son oreiller; puis, toujours songeant, elle dit à voix basse et entrecoupée ces mots sans suite : Jean... non je ne suis pas coupable... Cavalier, je le lejure... mon père... mort... le marquis de Florac... infame... oh' infame... infame ! Elle prononça ces dernières paroles avec une énergie si croissante, avec tant d'exaltation, que lorsqu'elle dit le mot infame pour la troisième fois, elle s'éveilla en sursaut. Jamais Toinon n'avait vu cette jeune fille, mais en entendant ces mots le marquis de Florac infame. La Psyché fut convaincue par une révélation occulte, véritable prodige de l'amour, qu'entre cette femme et Tancrède il y avait quelque secret fatal.

Toinon avait écouté le récit de Larose avec une attention, avec une anxiété dévorantes; les moindres circonstances de cette narration s'étaient gravées dans son esprit, et le nom de Cavalier, l'un des chefs rebelles, lui était surtout resté présent à la mémoire comme le nom d'un des ennemis les plus dangereux de M. de Florac. Or, cette jeune fille avait aussi prononcé ces mots pendant son sommeil : Caralier, je le jure... Quel lien mystérieux pouvait donc exister entre ces trois personnages, la jeune fille, Cavalier et Tancrède ?

10 Le Pont-de-Montvert à l'époqueLa Psyché ne pénétrait pas encore ce secret. Mais au coup douloureux qui venait de retentir dans son coeur, mais à l'ardeur de sa haine, de sa jalousie, de sa curiosité poignante, mais à sa terrent. instinctive, elle sentit de ce moment qu'Isabeau (car c'était elle ) devait ètre la plus mortelle ennemie de Tancrède. En présence de ces craintes, Toinon devait tout tenter pour décider Isabeau à lui servir de guide, espérant l'épier pendant la route, et pouvoir détourner de Tancrède les malheurs qu'elle redoutait pour lui. Isabeau, voyant à son réveil une étrangère près de son lit, se leva brusquement. Elle parut à Toinon plus grande encore debout que couchée. Que voulez-vous ? lui dit durement Isabeau en fronçant ses sourcils d'ébène et en attachant sur la Psyché un regard noir et profond comme la nuit. Vous parler, répondit résolument Toinon dont les grands yeux gris clairs et brillons ne se baissèrent pas devant le sombre coup d'oeil d'Isabeau. Ces deux femmes de naturels si diffère ns s'examinèrent en silence. l'une fière, grande et forte, l'autre petite, souple et nerveuse. On eût dit une lionne prête à rugir contre une couleuvre. Après ce premier moment involontairement donné à l'expression d'une haine sourde et mal contenue, Toinon réfléchit qu'il s'agissait de lutter de ruse et non de violence avec cette femme, et que ce n'était pas en la bravant qu'elle la déciderait à lui servir de guide.

11 Le Pont-de-Montvert à l'époqueLa Psyché appela donc à son aide toutes les ressources, toutes les hypocrisies de son art; comédienne exercée, elle baissa timidement ses beaux yeux, qui éteignirent bien vite leur étincelle de courroux passager dans une larme d'une angélique tristesse; sa bouche enfantine modela le sourire le plus touchant, le plus ingénu, ses deux petites mains s'élevèrent suppliantes, elle plia ses genoux à demi et dit d'une voix douce et tremblante d'émotion : Pardon, mademoiselle, mais, hélas ! je viens vous demander un grand service. Je suis seule, je suis pauvre, je ne puis rendre service à personne, répondit sèchement Isabeau.

Si vous daigniez y consentir, vous pourriez pourtant tout pour moi, mademoiselle, dit la Psyché en tombant à genoux. Je suis protestante, dit Isabeau en se reculant d'un pas, et croyant par cette déclaration couper court à l'entretien. Et moi aussi ! dit Toinon à voix basse, en faisant un signe mystérieux. La Psyché avait risqué ce mensonge, sans trop en prévoir les conséquences, mais elle ne songeait qu'au moment présent, et son esprit exalté par la difficulté de sa position lui suggérait à l'instant une fable assez vraisemblable. Vous étes de la religion réformée ? reprit Isabeau d'une voix moins rude, en attachant sur Toinon un regard pénétrant. Hélas oui, ma mère et mes soeurs sont prisonnières au Pont-de-Monbert.

J'arrive de Paris pour les rejoindre, mais le postillon qui m'a amenée refuse de marcher, dans la crainte des révoltés, comme ils disent. Personne ne veut me servir de guide. L'hôtelier m'a dit que vous alliez du côté du Pont-de-Montvert. Par pitié, laissez-moi vous accompagner. Si vous avez une mère, des soeurs, un père, mademoiselle, vous comprendrez tout ce que je souffre, tout ce que je désire ! Et la Psyché embrassait en pleurant les genoux d'Isabeau. Relevez-vous, relevez-vous, dit celle-ci d'un air attendri ; puis elle ajouta : Je n'ai pas de soeur, je n'ai plus de mère, je n'ai plus de père ; mais vous êtes de notre religion, et je dois faire pour vous tout ce que je ferais pour ma soeur. Puis, après un moment de silence, elle dit à Toinon : On voit à votre accent que vous n'êtes pas de ce pays... La Revue de Paris 1928

 

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