Venant du Monastier sur Gazeille en passant par Goudet, Robert Louis Stevenson arrive au Bouchet St Nicolas avant de repartir vers Landos et Pradelles. |
"L'auberge du Bouchet-Saint-Nicolas était des moins prétentieuses que j'aie jamais visitées, mais j'en vis beaucoup plus de ce genre durant mon voyage. Elle était, en effet, typique de ces montagnes françaises. Qu'on imagine une maison campagnarde à deux étages avec un banc devant la porte, la cuisine et l'étable contiguës, de sorte que Modestine et moi pouvions nous entendre dîner réciproquement. Ameublement des plus sommaires, sol de terre battue, un dortoir unique pour les voyageurs et sans autre commodité que des lits. Dans la cuisine, cuisson et manger vont de pair et la famille y dort la nuit. Quiconque a la fantaisie de faire sa toilette doit y procéder en public à la table commune.
La nourriture est parfois frugale: du poisson sec et une omelette ont constitué en plus d'un cas mon menu. Le vin y est des plus médiocres, l'eau-de-vie abominable. Et la visite d'une énorrne truie grognant sous la table et se frottant à vos jambes n'est pas un impossible accompagnement du repas.Mais les gens de l'auberge, neuf fois sur dix, se montrent cordiaux et empressés. Aussitôt que vous avez passé le seuil, vous cessez d'être un étranger et, quoique ces paysans soient rudes et peu expansifs sur la grand-route, ils témoignent d'une notion de gentil savoir-vivre, dès que vous partagez leur foyer.
Au Bouchet, par exemple, j'ai débouché ma bouteille de beaujolais et j'ai invité l'hôte à se joindre à moi. Il n'en voulut prendre qu'un rien. - Je suis amateur de vin comme ça, voyez-vous, dit-il et je suis capable de ne point vous en laisser à suffisance. Dans ces auberges de peu, le voyageur s'attend à manger à la pointe de son couteau. A moins qu'il n'en réclame un, nul autre ne lui sera fourni. Avec un verre, un chanteau de pain, une fourchette de fer, la table est complètement dressée. Mon couteau fut copieusement admiré par le propriétaire du Bouchet et le ressort le remplit d'étonnement. - Je n'en ai jamais vu de semblable, fit-il. Je parierais, ajouta-t-il, en le soupesant dans sa paume, qu'il ne coûte pas moins de cinq francs.
Quand je lui eus assuré qu'il en avait coûté vingt, il esquissa une moue. C'était un doux vieillard, gentil, sensible, aimable, étonnamment ignorant. Sa femme, qui n'était pas de manières si plaisantes, savait lire, encore que je ne suppose pas qu'elle le fit jamais. Elle témoignait d'une certaine intelligence et parlait d'un ton tranchant comme quelqu'un qui porte les culottes. - Mon homme ne connaît rien, dit-elle, avec un mouvement de tête agacé. Il est comme les bêtes ! Et le vieux Monsieur donna acquiescement du bonnet. Il n'y avait point mépris de la part de l'épouse, ni honte chez le mari. Les faits étaient admis loyalement et ne tiraient pas autrement à conséquence.
Je fus minutieusement contre-questionné au sujet de mon voyage et la dame comprit en un instant. Elle esquissa ce que j'écrirai dans mon livre à mon retour : "Si les gens moissonnent ou non en tel ou tel endroit; s'il y a des forêts; des traits de moeurs, ce que par exemple, moi-même et le maître de la maison nous vous disons; les beautés de la nature et tout ça. "Et elle m'interrogea du regard. - C'est précisément ça, répondis-je." De "Voyage avec un âne dans les Cévennes"
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L'histoire de Robert Louis Stevenson au Bouchet-Saint-Nicolas
En septembre 1878, l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson, âgé de 28 ans, entreprend un voyage à pied à travers les Cévennes. Accompagné de son ânesse Modestine, il parcourt environ 220 kilomètres en 12 jours, du Monastier-sur-Gazeille à Saint-Jean-du-Gard. Le 25 septembre, Stevenson arrive au Bouchet-Saint-Nicolas, petit village situé sur le plateau du Devès. Il y fait une halte d'une nuit à l'auberge du village, tenue par la famille Pradon. L'écrivain est accueilli avec bienveillance par les villageois, qui sont intrigués par ce voyageur solitaire et son ânesse. Il dîne avec la famille Pradon et discute avec eux de ses aventures. Le lendemain matin, Stevenson quitte le Bouchet-Saint-Nicolas et continue sa route. Il est profondément marqué par son passage dans ce village paisible et par la beauté des paysages environnants. Il s'en inspire pour écrire son récit de voyage, "Voyage avec un âne dans les Cévennes", publié en 1879.
Dans son récit, Stevenson décrit le Bouchet-Saint-Nicolas comme un village "propre et riant", avec ses maisons aux toits de chaume et ses ruelles pittoresques. Il évoque également l'accueil chaleureux des villageois et la beauté des paysages environnants, notamment les vastes étendues de bruyère et les forêts de sapins. Le récit de Stevenson a contribué à faire connaître le Bouchet-Saint-Nicolas et les Cévennes au reste du monde.
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De nombreux randonneurs empruntent aujourd'hui le chemin emprunté par l'écrivain, le GR®70, également connu comme le "Sentier Stevenson". En 1994, une statue de Stevenson a été inaugurée au Bouchet-Saint-Nicolas. Elle représente l'écrivain assis sur un rocher, en compagnie de Modestine. Le passage de Stevenson au Bouchet-Saint-Nicolas a été un événement marquant pour le village et pour l'écrivain. Son récit de voyage a contribué à faire connaître la région et à inspirer de nombreux randonneurs.
Voici quelques détails supplémentaires sur l'histoire de Stevenson au Bouchet-Saint-Nicolas:
Stevenson a logé à l'auberge du village, qui existe encore aujourd'hui.
Il a dîné avec la famille Pradon, qui lui a servi un repas simple composé de soupe, de fromage et de pain.
Il a été impressionné par la gentillesse et l'hospitalité des villageois.
Il a décrit le paysage environnant comme "sauvage et magnifique".
Il a écrit une lettre à sa future femme, Fanny Osbourne, depuis le Bouchet-Saint-Nicolas.
Son récit de voyage a été traduit en plusieurs langues et est devenu un classique de la littérature de voyage.
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), Cévenol, GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, Montagne Ardéchoise, Margeride et des randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente.
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