Chasseradès en Lozère (Occitanie)

Voyage en train à vapeur depuis Alès (Gard) jusqu'à Chasseradès (Lozère) via La Grand-Combe, Chamborigaud, Génolhac, Concoules, Villefort, Prévenchères et La Bastide-Puylaurent.

 

Voyage en train à vapeur depuis Alès jusque Chasseradès via La Grand-Combe, Chamborigaud, Génolhac, Concoules, Villefort, Prévenchères et La Bastide-Puylaurent.

Chasseradès au temps du train à vapeur

Chasseradès au temps du train à vapeur 1Voilà bien un souvenir qui aux oreilles de notre famille éveille les échos endormis des jolis mois d'été. A l'ombre des grands sapins, tout au long des prés verdoyants ou au creux des ruisseaux qui paresseusement les serpentent. Pour aller à Chasseradès, je dois d'entrée te prévenir qu'il faut le mériter ! Tout d'abord tu dois savoir qu'en ce temps-là règne sans partage le TPV (!) à vapeur. Et ce n'est pas peu dire que les trains à vapeur vont à Très Petite Vitesse ! Le Nîmes-Paris, par le Massif Central, n'échappe pas à la règle.

Chasseradès au temps du train à vapeur 2Dans sa partie méridionale, la ligne dessert les villes d'Alès et de La Grand-Combe dès 1841, afin de répondre aux besoins croissants des mines de charbon. Mais il faudra attendre un quart de siècle pour que ce tronçon soit relié à Clermont-Ferrand. Il ne faut pas moins de deux puissantes locomotives, attelées l'une à l'autre, pour venir à bout des plus fortes pentes. Des pentes si fortes que les deux locos vont arriver exténuées, haletantes et poussives. A te faire regretter de les avoir peut-être surnommées des monstres d'acier.

A la gare de départ, la forte odeur des quais noircis par la fumée te met déjà dans l'ambiance. Et puis à la vapeur s'ajoute la fumée, et à la fumée la suie du charbon. Le charbon qui fait bouillir l'eau de la chaudière, qui fait tourner le piston, et avancer la machine... Toujours est-il qu'arrivés au terminus nous serons noirs comme des charbonniers que leur propre mère ne reconnaîtrait pas. Le sifflet du Chef de Gare tu te l'apprends par coeur, tellement il y a des gares, et dans chacune, un nouveau Chef. Et l'on s'arrête à toutes, même que parfois, là où l'on s'arrête, il n'y a pas de village (sic). C'est te dire ! Non..., rien..., personne n'habite là..., mais il y a une gare et un chef, alors on s'arrête ! Et ces impraticables toilettes, avec leur cuvette de wc au fond de laquelle tu vois défiler à toute vitesse les traverses de bois et le ballast.

Et je préfère ne pas te parler des innombrables tunnels qui te permettent de passer sous toutes les montagnes ! Et il y en a tellement des montagnes, et il y en a tellement des tunnels, que le plus souvent il fait tout noir. Dans l'intervalle il faut se précipiter pour ouvrir les fenêtres tant la chaleur nous fait suffoquer ! Mais prends garde à toi si tu n'as pas refermé à temps les fenêtres ! Car la fumée, la suie et les escarbilles pénètrent alors dans tout le wagon. Mais il fait si chaud qu'au sortir du tunnel, dès qu'il fait jour, chacun se précipite pour les rouvrir. Des fenêtres qui nous préservent de la suffocante fumée et qui, ouvertes, laissent circuler l'air chargé de la chaleur étouffante qu'amplifient les rayons du soleil sur les tôles à nu ! Cela ne s'arrête jamais et il faut des heures et des heures avant que la voix du Chef de Gare fasse retentir l'annonce salvatrice : — La Bastide ! La Bastide-Puylaurent ! Trois minutes d'arrêt ! Les voyageurs à destination de Mende restent du même côté de la voie afin de prendre leur correspondance ! C'est le point culminant de la ligne, 1025 mètres d'altitude, tout à côté de la gare. Qu'elle est jolie la petite micheline rouge et jaune.

Chasseradès au temps du train à vapeur 3Initialement les roues sont équipées de pneus spéciaux. mis au point par la société Michelin, d'où son nom. Elle est si reconnaissable, avec son klaxon et tous les voyageurs qui sont réunis à l'intérieur, en l'absence de compartiments ! Après les grosses locomotives que nous venons de quitter, les panaches gris bleutés de son moteur diesel nous sont bien sympathiques. Deux ou trois arrêts encore, et nous sentons bien que l'air n'est plus le même. Et puis nous arrivons à notre terminus. Abrutis de bruit et de fatigue, assoiffés et affamés, nous descendons, incrédules, stupéfaits d'avoir enfin atteint la Terre Promise, notre Nirvana : Chasseradès !

Chasseradès au temps du train à vapeur 4Le paysan qui loue le logement est là ! Il n'a pas pris de retard pour remplacer son juteux marché noir, d'une guerre dont il n'aura retiré que des bénéfices. En l'absence de maquis, il n'aura même pas été approché par la Résistance. Un bienfait, car les maquisards auraient pu réquisitionner ses provisions ! Nous sommes en 1948 et c'est par la location estivale de deux logements qu'il supplée aux pertes de revenus des temps de guerre. Le cher, très cher homme ! I1 a intérêt de savoir compter, autrement que ses seuls bénéfices. Car un jour assurément il lui faudra rendre bien d'autres comptes... Ici-bas, ou ailleurs ! Mais Il ne reste plus qu'à hisser les valises et les malles, les femmes et les enfants. Le propriétaire des lieux lâche un juron. Armé d'un long bâton il pique les fesses de ses bestiaux. En avant ! Mon Dieu, qu'il est reposant de se déplacer... en char à bœufs !

Nous remontons de la gare vers le village que nous longeons par la droite. A sa lisière, les prés tonnent comme une longue robe ouvragée de milliers de fleurs multicolores. Nous longeons quelques murets de pierres sèches, sans fils de fer barbelés le long des prés et des enclos. Aucune interruption visuelle et matérielle en ce temps où les prés et les bois ne sont pas clôturés. De quelle utilité seraient les clôtures, alors que les troupeaux de vaches sont gardés à peu de frais par de jeunes enfants.

Chasseradès au temps du train à vapeur 5Les orphelins, ou les catalogués délinquants, sont confiés par la DASS, moyennant finances, toujours les sous (!), à des gavots qui les utilisent parfois sans vergogne, puisqu'ils n'en ont pas. A moins que le troupeau puisse être gardé par un ancien ou une ancienne de la famille. Mais alors le gamin risque fort d'être employé à des tâches autrement plus rudes. Arrivés à la ferme nous entrons dans la grande pièce commune.

Chasseradès au temps du train à vapeur 6Le choc ! La fraîcheur du lieu, son obscurité et la forte odeur d'étable, saisissent le visiteur. C'est que tout à côté de la pièce commune et de la souillarde se trouve l'étable, séparée par une mauvaise porte de bois. Je suis subjugué par des rubans rouge et noir qui descendent du plafond. Quelle surprise de découvrir que ces rubans sont couverts de glu rouge sur laquelle s'agglutinent des milliers de mouches !

Une immense cuisinière à bois assure la cuisson des aliments, et le chauffage les trois quarts de l'année. La rusticité des lieux est patente. Une massive et très longue table, avec ses bancs de bois, un buffet, une malle. Et la monumentale cheminée, avec sous son manteau, côté droit du foyer, un banc de pierre pour deux personnes. Ainsi nous est rappelée la rigueur des hivers. Mais la patronne fait déguerpir la volaille qui est occupée à débarrasser la table des brisures de pain du petit déjeuner...

Les gallinacées caquettent leurs protestations avec une véhémence qui dit bien les habitudes prises en ce lieu. Les chiens viennent renifler mes jambes et s'y coller, dans l'espoir d'un improbable déjeuner ? Nous nous asseyons, le temps d'avaler en grimaçant la lampée de limonade tiède qui accompagne le maigre biscuit, choisi parmi ceux qui ne sont pas moisis...

Une seule chose nous importe : payer le séjour, pendre les clés et nous installer ! Durant l'été papa nous rejoint pour y passer les deux semaines de ses congés annuels. Ce sont des séjours durant lesquels il troque les pastis et les parties de belotes pour la pêche à la truite et les canons de rouge. Une passion que cette pêche qu'il pratique des heures durant. Il s'adonne également à l'escalade, aux longues marches et aux siestes. Ces congés sont pour lui un vrai bonheur... Je sais des histoires: Une enfance nîmoise de 1946 à 1967 Par Gilbert Michel. Publié par Editions Edilivre.

 

L'Etoile Chambres et tables d'hôtes à La Bastide Puylaurent entre Lozère, Ardèche et Cévennes

Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride et de nombreuses randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.

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