Découverte de l'église du village de Thines en Ardèche (Auvergne-Rhône-Alpes). Chemins de randonnées: GR de Pays Le Cévenol et le GR®4. |
Quand le lendemain, raconte la légende, les ouvriers eurent gravi la montagne, grand fut leur étonnement de ne plus trouver les pierres et les outils qu'ils y avaient laissés la veille. Qu'avaient-ils pu devenir?... Longtemps ils cherchèrent sans pouvoir rien découvrir, lorsque l'un d'eux les aperçut de l'autre côté du torrent qui mugit au bas de la montagne, sur le sommet d'un rocher, à la place occupée aujourd'hui par l'église et le village de Thines. Cinq fois de suite cet étrange phénomène se reproduisit, et les constructeurs, las de lutter contre un pouvoir surnaturel qui se jouait ainsi de leurs projets, vinrent bâtir l'église sur le lieu même que la volonté de Dieu, si clairement manifestée, leur avait indiqué. Cette fois ils ne furent plus troublés dans leurs travaux, et dans moins d'une année, dans cette contrée abrupte et sauvage comme un paysage de ce grand peintre qu'on nomme Salvator Rosa, apparut un édifice religieux aux proportions élégantes et pleines d'harmonie.
L'église de Thines, sur laquelle, dans un rapport spécial, j'ai appelé la sollicitude et l'attention de M. le ministre de l'intérieur, et qui sera, j'en ai la certitude, dans un avenir peu éloigné, classée au nombre des monuments historiques, présente un caractère d'unité et de simultanéité qui se rencontre rarement à un égal degré dans les édifices religieux du moyen-âge. En général, dans les constructions de cette espèce qui appartiennent à cette époque, chaque siècle qui est venu a marqué de son sceau les diverses parties qui les composent. Petite, mais gracieuse dans son ensemble, cette église a été nécessairement conçue par une seule intelligence et exécutée par une seule volonté. On dirait qu'elle a été jetée tout d'une pièce dans un seul et même moule.
Le XI° et le XII° siècles sont, dans le midi de la France, le point culminant de l'architecture religieuse. L'épouvante causée par les funèbres approches de l'an mil avait, sinon arrêté tout-à-fait, du moins ralenti le mouvement de l'art dans le siècle suivant. Sévères, sombres et dépouillés, les monuments carlovingiens étaient l'expression fidèle de l'époque de fer pendant la durée de laquelle ils avaient été édifiés. Un changement complet de caractère et de style distingue les monuments postérieurs. Les rapports entre l'Orient et l'Occident, interrompus par la barbarie féodale des successeurs de Charlemagne, renaissent plus nombreux et plus suivis au XI° siècle. Les guerres des Normands en Sicile, en Pouille et en Grèce, enfin les croisades, naturalisent en Europe et en France surtout les arts et la littérature de ces belles et poétiques contrées orientales, où brillaient encore les derniers rayons d'une civilisation mourante. L'oeuvre de régénération déjà si heureusement commencée se développe, et avec les premières années du XII° siècle, la France voit son sol se couvrir comme par enchantement de ces magnifiques basiliques romaines, que toutes les splendeurs de la période ogivale n'ont jamais pu effacer dans nos provinces méridionales.
L'église de Thines doit évidemment être revendiquée par l'art byzantin. Lui seul l'a inspirée, conçue et élevée. En présence de cette opinion ainsi nettement et catégoriquement formulée, que devient la tradition trop légèrement acceptée et accréditée dans le pays, qui attribue la fondation de cette église au pape Urbain V ?... Ce pape vivait alors que le style ogival, arrivé à son plus haut point de perfection et de renommée, étalait partout les merveilles éblouissantes de son architecture, et il est raisonnable de penser que s'il eût été le fondateur véritable de cette église, il en eût demandé le plan et confié l'exécution à un architecte élevé dans les notions nouvelles de l'art ?
Guillaume de Grimoard, né à Crisac, diocèse de Mende, fut élis pape, sous le nom d'Urbain V, le 27 septembre de l'année 1362. Simple abbé de Saint-Victor, de Marseille, lorsque les suffrages du conclave se fixèrent sur lui, il n'oublia jamais sa chère abbaye, comme il l'appelait. Il l'avait rétablie dans un état florissant, et il lui continua jusqu'à sa dernière heure sa haute et toute puissante protection. Ce souvenir pieusement gardé aux lieux où s'étaient paisiblement écoulées les premières années de son sacerdoce par ce pape, qui, suivant Pétrarque, censeur si rigoureux et souvent si injuste des papes français, ne trouva, pendant toute la durée de son pontificat, personne qui eût à se plaindre de son gouvernement ou de ses manières, a pu jusqu'à un certain point autoriser ceux qui ont bénévolement cru qu'il avait, avant d'être abbé de Saint-Victor, rempli les humbles fonctions de prieur de Thines, à penser que l'église de ce nom n'était autre chose qu'un monument destiné par Urbain V à perpétuer la mémoire des jours heureux qu'il avait passés dans ce prieuré.
Malheureusement, toutes les probabilités se réunissent pour enlever à cette supposition les apparences mêmes de la vraisemblance. Guillaume de Grimoard appartenait à l'une des familles les plus anciennes et les plus illustres du Gévaudan, et à cette époque, où le clergé, alors admirablement composé, ne se recrutait pas dans les rangs les plus pauvres et les plus obscurs de la population de nos campagnes, et n'amenait pas comme aujourd'hui, dans le sanctuaire, des hommes pleins de vertu et de zèle évangélique sans doute, mais trop souvent, hélas ! privés de cette éducation de famille que ne remplacent jamais les enseignements insuffisants et incomplets du séminaire, de cette connaissance intime du monde et de ce tact parfait si nécessaires au prêtre qui a charge d'âmes, dans les villes surtout, un homme portant un pareil nom n'eût certainement pas débuté dans la carrière ecclésiastique par le modeste prieuré de Thines. A de tels sujets étaient réservés la pourpre romaine, les honneurs épiscopaux ou tout, au moins la douce et molle oisiveté d'une opulente abbaye.
Alors, me direz-vous, à qui doit-on attribuer la fondation de cette église? Je pourrais vous répondre que votre curiosité ressemble presque à de l'indiscrétion et me tirer ainsi d'embarras ; mais j'aime mieux vous avouer ingénument que je suis sur ce point hors d'état de vous fournir des explications satisfaisantes. Ce qu'il y a de certain seulement, c'est qu'un pareil édifice, dans un pareil lieu, isolé et perdu, n'a pu être construit que par une volonté puissante unie à d'immenses ressources. Est-ce à un haut baron rentré en grâce avec l'Eglise, ou bien, au contraire, est-ce à une communauté religieuse que nous le devons?... Je serais d'autant plus porté à accueillir cette dernière supposition, qu'autour de l'église j'ai aperçu, se prolongeant jusque sur les bords du précipice, des débris de construction dont la destination monastique ne me semble pas un seul moment douteuse. Il y avait donc là un monastère assez riche pour faire bâtir une église. Mais ce monastère, de quel ordre relevait-il?... à quelle époque a-t-il cessé d'exister?... quelles causes ont amené sa ruine?... Triple question à laquelle la tradition, que j'ai interrogée avec soin sur les lieux mêmes, ne fait pas la moindre réponse.
L'église de Thines est construite en forme de basilique à une seule nef. Sa longueur dans œuvre est de vingt-cinq mètres; sa largeur, de huit mètres quarante-deux centimètres. L'appareil est régulier et de moyenne grandeur, mais composé de pierres de diverses natures. Les frises, les chapiteaux et généralement toutes les parties ouvragées de l'édifice sont en grès très-fin qu'il a fallu aller chercher bien loin, car cette variété de pierres ne se rencontre pas dans le pays ; le reste de l'appareil est en grès grossier; le soubassement seul a emprunté ses matériaux aux pierres schisteuses, que l'on trouve en très-grande abondance sur les lieux mêmes.
Comme dans beaucoup d'églises de la même époque, la porte se trouve placée à l'extrémité du côté droit de la nef. Quatre contreforts peu saillants, ou plutôt quatre pilastres engagés, soutiennent chacun des murs latéraux extérieurs. A la partie supérieure de ces murs, entre les contreforts, règne une petite arcature dont les retombées sont supportées par des modillons sculptés en forme de mufles d'animaux, de boules, de plantes grasses d'espèces variées. Au-dessus de l'arcature, se prolonge un cordon de losanges en relief; enfin au-dessus des losanges et immédiatement sous les rampants du toit, l'on remarque une série de ces figures si chères au caprice de l'ornementation byzantine. Chacune des pierres de la dernière assise a reçu l'une de ces figures : ce sont tantôt de petits cylindres, des billettes, des fleurettes, des ovoïdes géminées ; tantôt des feuilles de persil ou de plantes grasses, des vases et des ustensiles de diverses formes ; tantôt enfin des animaux domestiques ou des figures grimaçantes. Ce triple bandeau sculpté entoure aussi l'abside extérieure, où il prend plus de largeur par l'interposition, entre l'arcature et les losanges, d'une double série de plans inclinés angulaires, disposés en échiquiers. Entre les retombées de l'arcature, on aperçoit à l'abside une demi-lune en creux, mi-partie de gris rouge et blanc.
Le portail à plein cintre, sur le devant duquel se dresse, au centre d'une petite place, une colonne surmontée de la figure de la Vierge tenant l'enfant Jésus dans ses bras, ce qui semble indiquer que cette église a été, dès son origine, placée sous l'invocation de la Mère de Dieu, est exhaussé sur un perron de huit marches. Une colonnette prismatique de marbre gris supporte un linteau de grès fin, brisé en trois parties. Ce linteau est couvert sur toute sa longueur d'un bas-relief représentant l'entrée triomphante de N. S. J.-C. à Jérusalem, la cène et la trahison de Judas.
C'est d'abord Jésus-Christ monté sur une ânesse accompagnée de son ânon, et suivi de ses disciples portant des palmes vertes à la main. Sous la porte de la ville sainte, qui apparait flanquée de deux tours rondes, au sommet de l'une desquelles brille, en souvenir des croisades sans doute, un écusson fleurdelisé, se tient, assis devant une table, un homme qui, selon toute apparence, n'est autre (la sébille remplie de pièces de monnaie, qui est à côté de lui sur la table, parait du moins l'annoncer) que le préposé à la perception du droit de passage. Puis vient la cène. Jésus, debout au milieu de ses disciples, qu'il a réunis autour de lui, la veille de sa passion, rompt le pain et institue le sacrement de l'eucharistie. La trahison de Judas occupe l'extrémité du bas-relief. Un groupe de soldats, conduits par cet indigne disciple, s'emparent du Sauveur qu'il leur indique du doigt. Ce bas-relief, qui est traité avec assez d'entente et de goût, se distingue par certaines qualités de disposition et de dessin que n'offrent pas au même degré les productions sculpturales de cette époque reculée. Une inscription latine, en lettres majuscules nettes et régulières, explique chaque épisode du bas-relief au bas duquel elle est placée. Cette inscription, qui se développe sur une seule et longue ligne, mais à laquelle manquent plusieurs lettres, à l'absence desquelles il faut nécessairement suppléer, est ainsi conçue :
DVO CENAT X PTS IVDAS SIBI PREPARATVS : ORE DATIS SIGNIS REX TRADITVR FILIVS HOMINIS : |
Quatre archivoltes à pans carrés enveloppent le portail. Leurs retombées reposent sur une imposte saillante à rinceaux d'acanthe. Autour de la première archivolte règne un bandeau plat semé de billettes, de cylindres et de mulles.
Ce portail, à une époque qu'on ne saurait préciser a dû subir une réparation faite du reste avec intelligence. Les deux statues ornées du nimbe, qui sont aujourd'hui encastrées dans le tympan, et celle qui est posée dans un des angles du portail, servaient autrefois sans doute à la décoration du chœur et peut-être de l'ancien autel. Le bas-relief qui tient lieu de linteau devait aussi avoir la mérite destination, car en ajoutant à sa longueur actuelle celle que comportent les additions que l'on est obligé de faire à l'inscription pour en compléter le sens, on s'aperçoit aisément que ses dimensions primitives excédaient la longueur du portail.
La pose de ces trois statues, quoique un peu contrainte, n'a cependant pas cette raideur égyptienne qui caractérise la plupart des oeuvres contemporaines. Les broderies et les ornements ne sont pas jetés sur les vêtements avec la profusion ordinaire du mauvais goût byzantin; l'ensemble enfin ne manque ni de vie, ni de mouvement, ni même de grâce et d'élégance. Evidemment, ces trois statues n'étaient pas seules. Elles devaient être au nombre de douze et représenter les douze apôtres.
A gauche du portail, sur une des faces latérales du premier contre-fort, l'on distingue une date, à coup sûr fort intéressante, mais tellement fruste, qu'il y a impossibilité matérielle à en recomposer le millésime. Le grès n'a malheureusement pas la dureté du granit, et les empreintes que lui confie le ciseau de l'ouvrier ne résistent pas éternellement à l'action meurtrière du temps.
Le clocher ne doit pas obtenir même une simple mention, tant il est peu en harmonie avec le restant de l'édifice. Il se compose d'une petite muraille élevée au-dessus du toit et percée de trois ouvertures cintrées, dont l'une a été détruite, il y a peu d'années, par la foudre. Un mauvais escalier, fait grossièrement et après coup, y conduit. L'abside est extérieurement ornée de quatre colonnes engagées, à chapiteaux historiés, reposant elles-mêmes immédiatement sur quatre pilastres élancés et peu saillants, couverts sur toute leur longueur de losanges ou de tiges de lierre. Ces pilastres ont pour point de départ l'étroite corniche d'un soubassement qui, comme eux, n'offre que peu de saillie.
La muraille latérale droite est percée, entre les contreforts, de deux fenêtres cintrées. L'abside en a quatre. Les claveaux sont décorés d'un cordon creux où se détachent en relief des mufles et des billettes. Toutes ces fenêtres sont à double archivolte angulaire ou en forme de tore. L'ouverture centrale est longue et étroite. Les colonnettes qui les ornaient ont en partie disparu. L'intérieur de l'église est simple, mais gracieux. La voûte, sans nervures, est garnie de deux arcs doubleaux, appuyés directement sur de sveltes colonnes engagées dans les pilastres qui continuent les arcs doubleaux. Les chapiteaux de ces colonnes, comme ceux de tout l'édifice, présentent les caractères distinctifs de la période byzantine, et sont chargés de figures bizarres, de plantes grasses, de personnages bibliques et d'animaux fantastiques. Les travées ont pour ornement de grandes arches bouchées. Aucune ouverture n'existe sur le côté gauche de l'église. Le chœur même est dépourvu de la cinquième fenêtre qui, à son extrémité latérale gauche, aurait été nécessaire à sa régularité.
Le chœur est moins haut et moins large que la nef, sur laquelle il forme un léger retrait. Aux angles s'élèvent deux colonnes de même style que celles de la nef, mais moins développées. Une corniche chargée de têtes de mort, de mufles et de fleurettes, court circulairement autour de l'abside, à la hauteur des colonnes.
La voûte en cul de four de l'abside présente, sur toute sa surface, de larges raies concentriques régulièrement formées par des assises alternées do grès rouge et blanc. Cette ornementation apparaît dans toutes les parties de l'édifice : elle couvre le fût des colonnes de la nef, elle s'arrondit autour des archivoltes, elle rayonne sur les parois cintrées des fenêtres, elle garnit les demi-lunes de l'arcature, elle monte sur les colonnes et les piliers de l'abside. Au portail on la retrouve encore, mais avec moins de régularité que dans les autres parties de l'église.
Il est impossible de ne pas voir dans cette ornementation particulière un souvenir très-vif de l'architecture orientale. Comme dans le Bas-Empire, comme dans tout l'orient, comme dans la partie de l'Italie et de la France même, qui a plus particulièrement, au moyen âge, imité le Bas-Empire, ces deux couleurs, rouge et blanc, sont posées de la même manière que dans l'église de Thines, avec cette seule différence qu'ici le marbre somptueux est remplacé par la modeste pierre de grès. Les monuments byzantins de Constantinople, les mosquées du Caire, les cathédrales de Côme et de Gènes, le théâtre de Mandoeuvre, en Franche-Comté, et quelques monuments romans du midi de la France et de l'Auvergne surtout, témoignent de la justesse de notre obstination.
Il n'y a pas trace de sacristie dans l'église de Thines. Ceux qui s'occupent d'archéologie savent qu'aucune sacristie n'a été relevée dans les églises, autres que les églises cathédrales, avant la fin du XVI° siècle.
Le fond de l'édifice, à l'opposite du choeur, est éclairé par une petite rosace ou plutôt une bée creusée au rond-point d'un arc bouché en cintre allongé. Au-dessous de cette bée, dans la direction du portail, on distingue, scellés dans le mur, les débris de deux consoles en fer, destinées à supporter un siége, et entre l'extrémité inférieure de la bée et les consoles, à hauteur d'appui, on aperçoit un trou cylindrique, espèce de conduit auditif percé dans l'épaisseur de la maçonnerie, et qui communiquait de l'intérieur avec l'extérieur. Ce siége était-il par hasard celui du prieur qui, du fond de l'abside, sa place ordinaire, aurait été, par un caprice étrange que rien ne saurait expliquer et encore moins motiver, déplacé et transporté dans cette partie reculée de l'église?... ou bien, au contraire, ce siége ainsi posé à côté de ce trou cylindrique, dont l'usage n'a jamais pu être expliqué, indiquerait-il la place qu'occupait, dans l'intérieur du sanctuaire, le prêtre recevant la confession de l'excommunié ou du lépreux?.... Ce ne sont là que des suppositions, suppositions gratuites peut-être et que je ne hasarde qu'en tremblant. La dernière toutefois me parait assez raisonnable pour pouvoir être acceptée sans trop de répugnance.
Lorsque l'excommunication frappait un fidèle, il était aussitôt dénoncé aux vrais croyants comme un homme impur dont il fallait s'éloigner, sous peine d'encourir les censures de l'Eglise et de compromettre pour toujours le salut de son âme. Le sanctuaire lui était impitoyablement fermé, et il n'obtenait le droit d'y rentrer qu'après avoir donné des gages multipliés et publics de son repentir et de sa piété. Le porche était la partie extérieure de l'église où il lui était permis de se tenir pendant que les fidèles, réunis dans l'intérieur, assistaient aux offices divins et se nourrissaient de ce que l'on appelle, en langage mystique, la parole de Dieu. C'était là que le prêtre venait l'entendre en confession, là qu'il recevait, en présence de la foule assemblée, lecture du bref pontifical qui le relevait de l'excommunication qui avait été lancée contre lui. Ne trouvons-nous pas dans la célébration religieuse des mariages mixtes quelque chose qui nous rappelle cette réprobation extérieure qui environnait le malheureux excommunié.... Ces sortes de mariages n'étaient bénis qu'à la porte de l'église, et aujourd'hui encore, ce n'est pas au pied des autels, mais dans la sacristie qu'ils sont célébrés. Dans certains diocèses, celui de Lyon entre autres, le mariage est béni, il est vrai, dans l'église, mais celui des deux futurs époux qui est catholique prend place seul dans le chœur, tandis que l'autre, celui qui est protestant, se tient dans la nef.
L'impureté du corps était, aux yeux de l'Eglise, aussi horrible que celle de l'âme. Le lépreux était ignominieusement chassé du temple, et tout rapport, sinon spirituel, du moins physique, lui était sévèrement interdit avec les autres hommes. L'accès du porche lui était même refusé. Les exhalaisons fétides, qui s'échappaient de ses plaies toujours béantes, auraient pu faire éclater subitement la contagion parmi la foule qui entrait et sortait de l'église.
Cette façon de communiquer ainsi de l'intérieur avec l'extérieur, au moyen d'une ouverture pratiquée dans le mur d'un édifice, n'est, du reste, ni insolite, ni nouvelle. J'ai vu à Venise, dans l'ancien palais ducal, cette merveille conçue par trois artistes de génie, Calendario, Bartholomeo et Sansovino, le long des murs des sombres cachots qui occupent le haut et le bas de ce colossal édifice, les plombs (i piombi) et les puits (i pozzi); j'ai vu à Avignon, dans l'ancien palais des papes, ouverts à hauteur d'homme, dans les prisons du saint office, des trous carrés par où le prêtre recevait la confession du malheureux qu'allait frapper le glaive de la justice séculière ou religieuse.
En terminant cette monographie dont la forme a conservé, malgré moi, la sécheresse et l'aridité d'un compte-rendu archéologique officiel, je dois faire remarquer que le mur de l'abside de l'église de Thines a fléchi sous le poids de la voûte et qu'il est lézardé en deux endroits. Des réparations considérables deviendraient bientôt nécessaires si l'on n'y portait un prompt remède. Quant à présent, il suffirait probablement d'un rejointement bien fait et de la consolidation de quelques pierres. J'ai réclamé avec la plus vive insistance des fonds pour cet objet, et j'ai tout lieu d'espérer que ma demande sera prise en sérieuse considération, par l'homme distingué qui préside avec une sollicitude éminemment artistique à l'entretien et à la restauration de nos monuments nationaux.
Je suis venu tout d'un trait et sans toucher barre nulle part de Saint-Laurent-lès-Bains à Thines ; mais il est peu présumable que je franchisse avec la même rapidité la distance qui me sépare de Chambonas, village charmant où je ne dois malheureusement jamais plus retrouver désormais l'homme aimable et bienveillant qui me faisait toujours, avec une si franche et si joyeuse cordialité, les honneurs de sa magnifique demeure. Pour rejoindre la route départementale qui court au sommet des crêtes aiguës de la montagne, il faut gravir droit devant soi, pendant une heure au moins, et, bien que l'hospitalité que l'on trouve à l'auberge de Peyre soit peu engageante, on s'en accommode volontiers, tant l'ascencion est rude et difficile le long de cet étroit sentier parsemé de pierres schisteuses qui se brisent et glissent sous les pieds, et creusé d'ornières profondes produites par les pluies torrentielles qui ravagent et désolent ces contrées si agrestes et si oubliées. par Ovide de Valgorge. Souvenirs de l'Ardèche
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride et de nombreuses randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.
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