L'église et du Chapitre de la ville de Brioude en Haute-Loire (Auvergne-Rhône-Alpes).Chemins de randonnées: GR®300 Chemin de Saint Michel, GR®470 Sentier des Gorges de l'Allier. |
Il est peu d'Églises plus anciennes, il n'en est pas de plus célèbres dans les Gaules que celle de Brioude : Vix ulla celebrior, dit le savant auteur du Gallia christiana. Cette Eglise consacrée à Saint Julien, soldat et martyr, date de l'époque où il versa son sang pour la foi.
C'est le 28 août 303, que Julien, chef d'une légion sous l'empereur Dioclétien, ayant embrassé le christianisme, fut mis à mort par l'ordre du proconsul Crispinus, dans la forêt de Vincelle, à peu de distance du bourg de Brioude, propè vicum Brivatensem, où son corps fut porté. La fontaine dans laquelle on plongea sa tête sanglante épanche encore une eau douce, abondante et limpide, comme au temps où écrivait Grégoire de Tours, membre de l'Eglise de Brioude, historien très-prolixe de la vie et des miracles du bienheureux martyr Julien : In loco autem illo, quo Beatus martyr percussus est, fons habetur splendidus, lenix, dulcibus aquis uberrimus, in quo et à persecutoribus caput amputattum ablutum est. Ce lieu a pris et retenu le nom de Saint Ferréol, qui était celui de l'ami, du compagnon de Julien, et qui, à son exemple et à son instigation, ayant embrassé la religion chrétienne, finit comme lui par recueillir les palmes du martyre.
Le peuple est avide de nouveautés; des choses extraordinaires se passent à Brioude, la foule accourt. Une dame espagnole, riche et d'une haute naissance, ne pouvant se rendre à Trèves, où son époux était détenu en prison, menacé de perdre la vie, accourt au tombeau du Saint, et fait voeu de lui bâtir une chapelle, si son époux est sauvé. A quelque temps de là, elle apprend que le jour même où sa prière montait aux cieux, la grâce avait été accordée, et un oratoire est construit.
A cette époque, il y avait à Brioude un temple consacré aux divinités païennes, Mars et Mercure : Erat autem propè sepulcrum Martyris grande delubrum, ubi in columnam altissimam simulacrum Martis Mercuriique colebatur.
La cité s'étant convertie, on renversa le temple, et les débris aidèrent à bâtir une église. Elle fut achevée en 389, sous l'empire de Maxence et Valentinien. Et certes on aurait une bien haute idée de cette construction si l'on prenait à la lettre les expressions exagérées d'une ancienne chronique : Sancti Juliani honore constructa est ecclesia admirabilis, quoe studiosum ac gloriosum protulit fastigium, et fulget, non uno sui minus ornata ac splendida quàm Salomonistemplum.
Sans approuver ce qu'évidemment il y a de trop louangeur dans les paroles de cet annaliste, 'on ne peut raisonnablement se refuser d'en conclure que l'Eglise de Brioude était ou le plus beau ou l'un des plus beaux monumens de cette époque, qui est celle de la décadence de l'art ou du moyen âge, et c'est le jugement qu'en portent encore aujourd'hui tous les archéologues qui viennent. le visiter; car malgré le dire des chroniques, qui parlent souvent de sa ruine complète par la flamme et par le fer, ouvrage des Sarrasins et autres ennemis de la foi, elle subsiste, cette Eglise, avec les mêmes proportions, le même ordre pour l'ensemble, les mêmes colonnes et les mêmes chapiteaux qu'à l'époque de sa construction. Les modifications qu'elle a subies, par suite des dévastations, ne consistent que dans quelques détails, dans des choses ajoutées, dans des ornemens enfin qui attestent leur exécution plus moderne.
Comment concevoir, en effet, qu'avant l'usage de la poudre à canon, des ennemis qui ne faisaient que passer, qui ne cherchaient qu'à piller, eussent perdu leur temps à essayer de démolir de fond en comble des masses aussi imposantes ? Ils faisaient le plus de mal qu'ils pouvaient et le plus promptement possible, dans la crainte d'être surpris; et c'est tout ce qu'il faut entendre par les plaintes et les récits de leurs adversaires. Quand un moine nous dit que son couvent a été détruit et rasé, c'est d'un sac, d'un pillage, d'une démolition partielle qu'il veut parler. Son exagération est un moyen sûr pour exciter la pitié d'une part, et de l'autre, enflammer les désirs de vengeance. Les grands monumens du moyen iige, toujours debout, sont là pour attester ces fraudes pieuses, et l'Eglise de Brioude en est une preuve parlante aux yeux de l'archéologue et du savant. Reprenons le récit historique.
Avitus, Auvergnat d'origine, préfet du prétoire et puis empereur, accorda la protection la plus signalée à l'Eglise de Brioude. Détrôné après deux ans de règne, et assassiné par les ordres de Richimer, son corps fut porté à Brioude et enterré près le tombeau de Saint Julien : Ad pedes sancti martyris Juliani sepultus est.
Les Bourguignons, maitres des villes de Lyon et de Vienne en Dauphiné, vinrent piller l'Eglise de Brioude, l'an 458; mais, surpris dans leur retraite par Illidius, comte du Velay, chef de la milice Brivadoise, ils furent obligés d'abandonner le butin qu'ils avaient fait. Il ne resta en leurs mains qu'une patène et un grand vase, que la reine Carétène, épouse de Gondebaud, fit restituer à l'Eglise. Les Chroniques rapportent qu'Illidius fut averti par une colombe qui lui servit de guide ; comme si, dans ces temps déplorables, où il fallait, chaque jour, repousser la force par la force, l'on ne devait vas être, chaque jour, tout préparé à la défense. L'empereur Julius Nepos ayant été vaincu par Théodoric, roi des Goths, l'Auvergne passa sous la domination de ce dernier, qui protégea l'Eglise de Brioude.
En l'année 478, un oratoire fut dédié à saint Ferréol, au lieu même où Julien, son ami, était mort en confessant le Christ, et l'autel fut élevé sur la fontaine où la
tête du martyr avait été plongée.
L'an 508, Clovis, chef, puis roi des Francs, ayant défait Alaric, successeur de Théodoric, s'empare de l'Auvergne et s'empresse de reconnaître et d'augmenter les priviléges de l'Eglise de Saint
Julien.
L'an 530, Thierry étant entré en Auvergne pour reprendre cette province, dont son frère Childebert s'était emparé par la trahison du gouverneur, fit mettre à mort quelques soldats qui s'étaient
permis le pillage sur le territoire de Saint Julien. Puisqu'il reconnaissait que le pillage n'était pas un droit, mais un brigandage odieux, pourquoi ne pas l'interdire sur toutes les terres ? La
justice et l'humanité avaient beau réclamer, leur voix n'était pas écoutée.
L'an 800, Guillaume le Pieux, ou le Piteux, car il y a incertitude pour le surnom, celui-là même qui avait commandé les armées de Charlemagne et qui fonda plus tard et dota la riche abbaye de Cluny
en Bourgogne, voulut s'immortaliser à jamais, en consacrant une partie de ses biens immenses à restaurer et enrichir l'Eglise de Brioude, comme il employa son pouvoir et son autorité à régler l'ordre
du service divin et à faire cesser les disputes entre les clercs et les laïcs, en assignant à chacun leur place.
Voici comment s'explique, à ce sujet, un ancien nécrologe de l'abbaye de Cluny : Similiter fundavit Guillelmus princeps ecclesiam insignem et nobilem collegiatum in Arvernensi et Brivatensi pago, quam illustris canonicorum pietas et nobilitas nostris adhuc temporibus
illustrat. Après avoir comblé cette Eglise de richesses et de priviléges, il voulut y être enterré, comme un père au milieu de ses enfans ; c'est ce qu'atteste encore le même nécrologe : Sepultus Brivatoe, in ecclesid quam fundaverat, dignus certè cui totus orbis gratias referre teneatur, sed prœcipuè ordo Cluniacensis, cujus fundator exstitit tàm gloriosus et liberalis.
La reconnaissance ne saurait aller plus loin. C'est donc pour avoir enrichi le monastère de Cluny, que, selon les moines de Cluny, l'Univers devra des actions de grâces à Guillaume le Piteux.
Jusqu'au neuvième siècle,
jusqu'au moment où Guillaume mit la main à l'oeuvre, il n'y avait eu que confusion et désordre dans l'Eglise de Brioude. S'il fallait des prêtres pour adresser des prières et recevoir les offrandes,
il fallait également des hommes d'armes pour protéger les pélerins qui affluaient de toute part. Chaque année, dans la semaine sainte, l'Evèque de Clermont, à la tête de son clergé, et suivi d'une
population immense, se rendait à Brioude, nus pieds, pour venir prier sur le tombeau du martyr.
Brioude, situé dans une vaste plaine alors couverte de bois, dominé à trois aspects par des monts élevés et traversé par l'Allier, devait être une position fort difficile à défendre. Grégoire de Tours, sous le nom de Castrum victoriacum, parle d'un lieu fortifié où l'on se retirait dans les moments de crise. La tradition n'a conservé nul souvenir de ce lieu, et il n'existe point de site qui en rappelle le nom par étymologie, ni de construction qui puisse se rattacher à cet usage et à cette époque.
Il est probable que les prêtres et les soldats, hors le temps du péril, vivaient mal ensemble, et c'est à les accorder que Guillaume mit ses soins. Les guerres alors étaient moins vives, l'état jouissait de plus de sûreté et la société de plus de repos ; les routes n'étaient plus infestées de brigands ; la confiance renaissait a la vue de l'ordre, et chacun s'occupait de son bonheur particulier.
Guillaume put aisément mettre chaque chose à sa place. Les militaires qui avaient rendu de si éminens services, mais dont l'épée devenait désormais inutile, revêtirent le surplis par-dessus la cuirasse, et, par droit de conquête, s'adjugèrent les premières places dans l'Eglise. Le clergé, quoique jaloux de cette arrogante suprématie, ne voulant point laisser échapper une si belle, une si riche proie, se contenta du second rang, ne pouvant pas obtenir le premier.
Plus tard, il astreignit les fiers chevaliers à n'être plus que des prêtres, et chercha même, quoique sans succès, à se glisser dans leurs rangs. Jusqu'au moment où le Chapitre de Brioude s'est écroulé avec nos institutions féodales, les nobles seuls de quatre générations de pères et de mères avaient été admis à porter le titre de comtes de Brioude. Cet ordre, car c'est ainsi qu'il convient d'appeler une réunion de laïcs et de clercs, est le plus ancien que l'on connaisse dans la chrétienté. Il paraît avoir servi de type aux Templiers et aux chevaliers de Malte. Il fut confirmé par ordonnance de nos Rois et par bulles des papes, comme l'on verra bientôt. Notice historique sur l'Église et le chapitre de Brioude Par G. de Talairat (baron.)
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