Langogne en Lozère (Occitanie)

Anciennes voies de communication de Langogne en Lozère (Occitanie). Chemins de randonnées: GR®70 Chemin Stevenson, GR®700 Voie Régordane, GR®4, GR®470 sentier des Gorges de l'Allier et Tour de Margeride.

 

Anciennes voies de communication de Langogne

Anciennes voies de communication de Langogne

Anciennes voies de communication de Langogne 1D'importantes voies de communication ont sillonné le pays Gabale. Les plus importantes sont à citer.
La plus réputée est la Régordane (GR®700) principale via du pagus Cabalicus, qui établissait relations avec l'Orient par les provinces méridionales de la Gaule, notamment la Provence et la Narbonaise d'une part et les provinces du centre de la Gaule Arverne et Velai d'autre part. Cette grande voie ne fut pas étrangère à la formation et au développement de Langogne. Son existence est antérieure à l'invasion romaine qui devait l'améliorer par la construction de ponts sur les cours d'eau, de dallages en larges pierres de revêtement, de pierres milières marquant les distances et des stèles avec dieux Termes fixant les bornages.

Anciennes voies de communication de Langogne 2La Régordane prenait naissance au port de St-Gilles, sur le bras du Rhône, alors très fréquenté par nacelles, galères, bateaux de toutes catégories, phocéens, romains levantins, venus de Carthage, Rome, Athène, du Bosphore, de Palestine ou d'Egypte. Elle passait à Nîmes, suivait le Gardon et, par Alès, parvenait à Portes, escaladait l'Espinouse, le col de Ventalon, contournait le Mont Lozère, arrivait à Vielvic, puis à l'Estrade près de Villefort, s'oreintait sur Bayard, la Garde-Guérin, le Thort, la forêt de Mercoire, glissait par les Choisinets, le Mas-Richard, vers Langogne, passait, à gué, le Langouyrou, traversait Langogne, grimpait au Cheylaret, coupait par le flanc du Mont-Milan pour atteindre Fontanes et piquer vers l'oppidum de Condres, franchir l'Allier et continuant sur la rive gauche de cette rivière, elle suivait la ligne des crêtes dominait le val de Monistrol-d'Allier et filait en direction de Brioude, porte de l'Arverne.

En traversant le Gévaudan, la Régordane desservait des points remarquables : Vielvic (vitus vicus) jonction des pays Languedociens, Helviens et Gabales ; Bayard, point de franchissement de l'Altier, d'abord à gué et plus tard sur un pont romain ; la Garde-Guérin, nid d'aigle et forteresse de bandits assagis par l'évêque Aldebert de Tournel, vers l'an 1150. Et devenue paisible résidence de "pariers", guides et protecteurs de voyageurs moyennant péage. Elle se retrouve vers Mercoire et l'abbaye des filles de Citeaux, constituant relais de pèlerins et voyageurs. Langogne, la cité bénédictine, possédant un pont romain et nombreuses voies de divergence. Mont-Milan et Condres les derniers oppida de protection de la terre Gabale. Vers ce dernier point elle rencontrait la via Bolléna probablement devenue par la suite via Agrippa, puis passait la rivière sur un pont romain pour filer vers Brivate (Brioude).

Anciennes voies de communication de Langogne 3L'appellation originelle de Regordane paraît tirée de rec ou reg (rivière) et ourdan (chemin) qui assemblés donnent reg-ourdan. Son tracé suit, en effet, nombre de rivières et ruisseaux : Gardon, Altier, Langouyrou, Chapeauroux, Allier. Des auteurs ont prétendu, à tort probablement, que le nom de Regordane venait du nom de l'empereur Gordian. Aucune analogie ne milite pour une telle désignation. Une autre hypothèse fait dériver de l'occitan regard, nom donné à un agneau né hors de la saison normale, l'appellation "Regordane" parce que ces animaux, venus au monde après la période d'estivage et impuissants à brouter l'herbe de fin d'été, trop dure, devaient reprendre la route de retour à leur bergerie. Ainsi on aurait fait "Regord-ane" (?). Pour compléter les indications, il faut retenir que les muletiers qui fréquentait ce "cami" s'appelaient "Re-gordans" ou "Regordians". Sur cette voie passèrent d'illustres personnages : César, pour aller de la Narbonaise vers l'Arverne ou Aps ; vers 1162, le pape Alexandre III se rendant de Maguelonne à Paris ; trois rois de France, St-Louis en 1254, de retour d'Aigues-Mortes ; Philippe III en 1283 et Philippe IV en 1285 ; le connétable Duguesclin pour atteindre Châteauneuf-de-Randon.

Chemin de Marchands et de Muletiers: Les “Régourdans” portaient des draps, du vin, du sel et d’autres marchandises depuis le Languedoc jusqu’au Puy-en-Velay par cette voie millénaire de transhumance et d’échanges. Le chemin était bordé de dolmens, d’inscriptions rupestres et de messages encore mystérieux.

Anciennes voies de communication de Langogne 4Chemin Sacré pour les Pèlerins: Les pèlerins se rendaient vers le tombeau de Saint Gilles ou vers la Vierge Noire du Puy par la Régordane. Cette voie était connectée aux chemins de Saint-Jacques de Compostelle par la via Podiensis (GR65) au Puy-en-Velay et la via Tolosana (GR653) à Saint-Gilles. La voie était ponctuée de sites sacrés et jalonnée d’une chaîne d’hôpitaux et de maladreries, dont Pradelles conserve l’un des quatre derniers vestiges encore debout en Europe. De nombreuses personnalités, telles que le pape Urbain V, Adhémar de Monteils (évêque du Puy-en-Velay et légat du pape) et Raymond de Saint Gilles, ont emprunté cette voie sacrée.

Chemin Épique et Historique: Le Chemin de Régordane a été emprunté par César lorsqu’il traversait les Cévennes, et il a été le théâtre des exploits de Guillaume d’Orange, qui a délivré Nîmes des Sarrasins, relatés dans l’une des plus anciennes chansons de geste, le Charroi de Nîmes. L’itinéraire est au cœur des grands mouvements de l’histoire médiévale. Il a également été parcouru par des écrivains tels qu’Alphonse Daudet, Sergueï Prokofiev et Jouany du Désert.

Anciennes voies de communication de Langogne 5Chemin de Contes et de Libertés: Le Chemin de Régordane a porté les remises en cause successives de l’Église romaine, l’arianisme, le catharisme et le protestantisme. Il a également été le témoin des luttes pour la liberté de conscience et des droits de l’homme, avec des personnalités telles que Rabaut Saint-Étienne (pasteur nîmois) et le marquis de Lafayette. Sans oublier les luttes des Camisards et celles des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale et des mineurs cévenols à la conquête de droits sociaux.

La deuxième voie de la région à nommer est la via Agrippa qui tirait son nom de "Vispanius Agrippa", général Romain ou de "Menesius Agrippa" consul. Elle joignait Saint-Paulien (Revesio), capitale Vellave à Javols (Anderitum) capitale Gabale et continuait chez les Ruthènes. Egalement appelée via Agrippensis en latin, désigne le réseau de voies romaines en Gaule romaine mis en place par Marcus Vipsanius Agrippa au Ier siècle av. J.-C.. Agrippa, à qui Octave avait confié l’organisation des Gaules, a créé ce réseau pour faciliter les déplacements et le commerce dans la région.

La via Agrippa rayonnait à partir de la nouvelle implantation stratégique romaine, Lugdunum (aujourd’hui Lyon). Elle se composait de quatre grands axes routiers : Une voie vers l’Atlantique, de Lugdunum vers Saintes. Une voie vers la Manche et la mer du Nord, passant par Chalon-sur-Saône, Châlons-en-Champagne, Reims, Beauvais, et Amiens. Une voie vers le Rhin, par Langres et Trèves. Une voie vers le sud, menant à Arles et Marseille.

Anciennes voies de communication de Langogne 6Les spécialistes diffèrent sur la datation précise de la construction de ces voies, mais ils s’accordent pour situer leur création sous Agrippa et Octave Auguste. Les estimations varient entre 39 / 38 av. J.-C., 22 / 21 av. J.-C., et 16 à 13 av. J.-C.. Des vestiges de la via Agrippa subsistent dans diverses régions, notamment dans le Valentinois (région de Valence). Le tracé de cette voie était à peu près identique à celui de l’actuelle Route Nationale 7. La via Agrippa a laissé une empreinte durable sur le paysage du Massif Central, témoignant de son importance historique dans les échanges et les déplacements.

Enfin, une troisième voie appelée la Bolléna, que les anciens tels Ptolomée, Strabon, Lucain, désignaient comme reliant Revesio à Anderitum, par Condates (Condres), puis Ad Silanum (Rodez), par Puech-Cremat, en pays Ruthène, pourrait bien n'être que l'appellation primitive de la via Agrippa.

Anciennes voies de communication de Langogne 7La voie Bollène, également connue sous le nom de via Bollena en latin, était une grande voie romaine qui reliait Lyon à Bordeaux. Elle fut créée vers 43 avant Jésus-Christ sous la direction d’Agrippa, général romain et gendre de l’empereur Auguste. Cette voie joua un rôle essentiel dans les échanges commerciaux et les déplacements à travers la Gaule. La via Bollène traversait une grande partie du Massif Central, notamment le Forez, qui était alors le pays des Ségusiaves. Elle fut l’une des voies les plus importantes du monde gallo-romain. Aujourd’hui, des vestiges de la voie Bollène subsistent dans diverses régions, témoignant de son importance historique.

Nombre d'autres voies ou grands chemins existaient, notamment pour relier Condres, les oppida de Mont-Milan, Chateauneuf et Grèzes. Des parties de "strada", suivant une désignation usitée en langue patoise, fort probablement déformation de la "stratta" latine, se retrouvent dans les parages de ces divers camps.

Des voies dénommées drailles ou drayes, sillonnent le pays. Elles se situent en général sur les directions - de transhumance des troupeaux de moutons, qui allaient estiver en montagne et pour relier des centres d'habitation. L'une d'elles partait de Langogne passait au Mas-Neuf, le Mazigon sous Pratellae (Pradelles), points marqués par le séjour de légions romaines qui ont laissé traces sous forme de monnaies, médailles, armes, et se dirigeait vers St-Chaffre et le Mont-Anis.

Par la suite, elle devint un chemin de communication important emprunté annuellement par les chevaliers, troubadours et pèlerins des régions méridionales qui portaient " le Faucon à la Vierge miraculeuse du Puy-en-Velay ".

 

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