Robert Louis Stevenson se retrouve à La Bastide-Puylaurent entre Ardèche et Lozère sur les bords de l'Allier, avant de monter sur le Moure de la Gardille vers Chasseradès par l'actuel chemin Stevenson GR®70. |
La Bastide
Puylaurent est un bourg de seulement deux cents habitants, cependant, on y trouve deux
petites supérettes et dès que possible, nous courons acheter des "patouilles" pour Biscotte. Notre ordinaire à nous est assuré; il sera copieux et fort savoureux.
Philippe, fruit d'une
union greco-belge, est un célibataire bien doué pour mener seul toute la tache
qui lui incombe, et qu'il s'est choisie: faire tourner un ancien hôtel
transformé en gîte. Le tarif est un peu plus élevé que chez d'autres confrères, mais la propreté des
lieux, son environnement, l'accueil chaleureux et la cuisine généreuse peuvent
faire oublier ce détail. Ce soir, une
trentaine de convives montre son bonheur à être ici, et, autour de la grande
table d'hôte, chacun y va de son récit.
Au rez-de-chaussée, nous sommes
seules à dormir, aucun bruit ne nous réveillera.
Ce jour n'est pas vraiment celui d'une étape. Le matin est consacré au repos,
l'après-midi le sera aux enfants primaire avec lesquels nous allons cheminer
jusqu'à Notre Dame des Neiges (où Robert
Louis Stevenson lui-même fit une retraite
de trois jours), entre-coupant cette marche de haltes contes.
Après un copieux petit-déjeuner, nous retournons faire quelques provisions au proche "centre ville". Facile, il suffit, comme le disait la chanson, de passer le pont. Puis, nous profitons de notre trêve.
La Bastide Puylaurent se trouve au croisement des GR®7, GR®72 et GR®70 Chemin Stevenson ainsi que le sentier des Gorges de l'Allier, GR®700 Voie Régordane ou Chemin de St Gilles et Le Cévenol.
Dans chaque chambre, Philippe a laissé un gros cahier à la disposition de ses clients. On peut donc s'installer dans le parc au bord de l'Allier, à l'ombre, dans la plus parfaite quiétude, et se plonger dans cet épais document pour y apprendre l'histoire des Camisards, celle de Stevenson, celle de notre hôte lui-même qui a parcours le monde et vécu un parcours original, sans compter les témoignages de marcheurs enthousiastes et de nombreuses descriptions d'itinéraires au départ du village. De plus en plus de randonneurs itinérants reviennent pour un séjour prolongé dans cet ancien Hôtel de Villégiature des années 30.
Catherine la
marmotte dort à poings fermés, Biscotte auprès d'elle, tandis qu'une petite
table en fer vient accueillir mon indispensable carnet de route sans lequel vous
ne sauriez rien aujourd'hui de la drôle d'équipée.
Nous avons hier soir échangé quelques propos avec notre hôte, qui, parti de
Belgique à vingt-neuf ans, s'est installé ici, à La Bastide-Puylaurent, après
avoir voyagé à pieds et à cheval pendant plusieurs mois à travers Cévennes, Massif Central et jusque
dans les Vosges.
Il lui a fallu cinq ans pour transformer l'hôtel du Parc en Maison d'hôtes . Ce grand garçon au sourire généreux est un idéaliste, un enthousiaste, un bosseur aussi ! Il fabrique son pain lui-même, vous fait connaître toutes sortes de bières, belges principalement, vous reçoit en basse saison au coin du feu, joue du piano, de la guitare...
Tandis que je lui demandais s'il était seul à tenir son gîte il m'a répondu: "Il y a Mario à la cuisine, c'est moi, Maria au ménage, c'est moi..." mais il ne craint pas d'accueillir jusqu' à soixante personnes et demande alors qu'on lui donne un coup de main pour débarrasser les tables et faire la vaisselle. Certains trouvent normal, d'autres s'y amusent, d'autres encore s'en offusquent.
Du 15 septembre au 15 juin, il met la clef sous la porte et s'envole pour l'autre bout du monde. Philippe a lancé un programme d' Echanges entre Aubergistes. J'envie autant de constance et de détermination.
La trêve du matin est achevée. Elle a permis aux ampoules de sécher, le moral est au beau fixe. Je me rends seule à l'école, toute proche. J'y suis attendue, un correspondant de la presse locale est également venu au rendez-vous et me pose quelques questions.
Ce soir-là,
à L'Etoile, je
fais la connaissance d'un homme qui effectue le GR®7 en courant, à raison de
quatre kilomètres tous les matins, à la fraîche. On rencontre ainsi toutes
sortes de gens dans les Gîtes et je m'émerveille une fois de plus sur l'un de mes sujets favoris: la
fantastique diversité humaine.
Stevenson, dont je me sens décidément souvent très proche par sa philosophie de
la vie, partage le même enthousiasme.
"Que c'est merveilleux
l'aventure ! (...) on ne sait jamais en quoi consiste une vie et en quoi un
homme prend plaisir; l'un à boire, l'autre à se marier, un autre à écrire des
articles obscènes, quitte à se faire fouetter en public à plusieurs reprises, et
enfin cet autre, peut-être à devenir pharmacien au Brésil."
Pour revenir à notre marathonien, son épouse, qui trouve aussi son compte en
vivant différemment les événements, le suit en voiture et le récupère au bout de
chaque étape. L'après-midi, ils visitent, se reposent, se baignent ensemble.
Finalement, c'est plus tranquille que nous !
C'est en tous les cas un autre type d'aventure, plus sportive que la nôtre, mais
moins imprévisible sans doute.
Toutefois, je reconnais que les hébergements confortables qui nous sont offerts à l'issue des séances contées ne sont pas pour nous déplaire. En chaque aventurier sommeille l'homme civilisé qu'un bon lit et un bon repas ne rebutent pas longtemps. Si je devais gratifier chaque étape d'un petit logo résumant l'impression générale qu'elle nous a laissée, ce serait un clignotant rouge pour la sixième. Pourquoi diable certaines journées ont-elles mis si longtemps à s'écouler ? Comment celle-ci a-t-elle pu représenter huit heures de marche effective ? Mystère des chiffres, qui échappent à notre sagacité pour, quelquefois, n'en faire qu' à leur tête. Mais, que ce chiffre impressionne est une chose: ce qu'il représente en est une autre !Sur le journal de bord, je n'aurai pas la force d'écrire grand-chose. Je n'ai non plus eu le courage d'utiliser l'enregistreur. Il faut faire appel aux souvenirs.
Oui, une journée peuplée de pistes forestières et de rubans goudronnés, trop à notre goût, trop à celui de mon pied gauche dont la petite ampoule sous le "riquiqui" n'avait fait que semblant d'être endormie. Nous sommes en route à huit heures. En fin de matinée, nous atteindrons Chasseradès et ne manquerons pas d'aller saluer et remercier Bernard Chaptal dans son Hôtel-Restaurant "Les Sources". Extrait de "Dans les pas de Stevenson". Editions du Fournel. par Flora Berger
Ancien hôtel de villégiature avec un jardin au bord de l'Allier, L'Etoile Maison d'hôtes se situe à La Bastide-Puylaurent entre la Lozère, l'Ardèche et les Cévennes dans les montagnes du Sud de la France. Au croisement des GR®7, GR®70 Chemin Stevenson, GR®72, GR®700 Voie Régordane (St Gilles), GR®470 Sources et Gorges de l'Allier, GRP® Cévenol, Montagne Ardéchoise, Margeride et de nombreuses randonnées en étoile à la journée. Idéal pour un séjour de détente et de randonnée.
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